Brigade Internationale pour le Vietnam, du 7 au 28 juillet 2002


Aller travailler au Vietnam pour aider la révolution palestinienne

Mona est coopérante aux Philippines depuis un an. Son amie, une militante des droits de l'homme de 22 ans, a été assassinée par l'armée. Mona a vu son cadavre: une balle dans la nuque lui a emporté la joue gauche, la bouche et les dents. En vérité, le coup de fil de Mona annonçant la nouvelle aurait pu provenir de dizaines d'autres pays du tiers monde.

Luk Vervaet

En Palestine, l'armée israélienne élimine systématiquement les responsables palestiniens. Comme Youssef al-Rihani, «Abou Jandall», responsable de la défense du camp de réfugiés de Jénine. On l'a retrouvé assis contre un mur, mains liées derrière le dos, une balle dans le front, une autre dans la mâchoire. Aux Philippines comme en Palestine, c'est la même souffrance, les mêmes tueurs couverts par ce même impérialisme qui sème la violence et la guerre partout dans le monde. Ca ne peut pas continuer!
Dans les années 60, Che Guevara, jeune révolutionnaire, était confronté aux mêmes questions que la jeunesse révolutionnaire actuelle. En 1966, il a lancé cet appel: «Créons deux, trois,de nombreux Vietnam!» Appel étonnamment resté actuel, même si le contexte a changé

«Créer deux, trois, de nombreux Vietnam!»

L'appel de Che était un appel à la solidarité avec le peuple vietnamien qui s'opposait à une guerre d'agression menée par l'impérialisme américain dès 1965. Che présentait la guerre populaire des Vietnamiens comme la voie à suivre pour tous les peuples opprimés. En 1975, le peuple vietnamien remportait une victoire historique sur les Américains, grâce à son entêtement. Mais aussi grâce au soutien du socialisme mondial. Les pays socialistes formaient alors un hinterland soutenant politiquement et militairement la résistance vietnamienne. Che lui-même allait disparaître en Bolivie, en 1967. Il n'y a pas eu d'autre Vietnam depuis.
Dans une grande partie du camp socialiste, la ligne au pouvoir prônait la réconciliation avec l'impérialisme et combattait les révolutions populaires. Le comble de cette trahison allait être atteint en 1989, lorsque l'ensemble de l'Union soviétique et des pays du bloc de l'Est est repassé dans le camp capitaliste. Les conséquences allaient être dramatiques, tant pour les rares pays socialistes subsistants, comme le Vietnam, que pour le mouvement révolutionnaire à l'échelle planétaire, dont le mouvement de libération de la Palestine. Depuis, les Palestiniens se sont retrouvés à deux reprises sous le feu de l'impérialisme qui impose sa volonté au monde sans véritable opposition. La première fois, ce fut durant la guerre du Golfe, en 1991. La seconde, après que Bush, suite aux attentats du 11 septembre, eût annoncé sa «guerre mondiale contre le terrorisme». L'affaiblissement des pays socialistes allait multiplier par mille la violence de l'agression impérialiste contre tous les peuples en résistance.
Aujourd'hui, «Déclencher deux, trois Vietnam, de nombreux Vietnam» est devenu un appel à soutenir de toutes ses forces les pays socialistes et à les aider à se cramponner au socialisme. Car la consolidation du camp socialiste est la condition sine qua non du progrès de la révolution partout dans le monde. L'histoire des organisations palestiniennes de libération nous font comprendre que l'existence des pays socialistes a joué un rôle prépondérant dans la montée de la révolution palestinienne.

Le soutien des pays socialistes à la révolution palestinienne

La révolution palestinienne a débuté avec la poussée des révolutions anticoloniales qui ont suivi la victoire de l'Union soviétique sur le fascisme et l'instauration du socialisme en Europe de l'Est et en Asie. En 1957, Yasser Arafat, Abou Jihad et Abou Iyad co-fondaient l'organisation de libération Al Fatah. De cette période, Abou Iyad écrit: «Je dévorais les oeuvres de Lénine. Son courage, son optimisme foncier, même à une époque où il vivait en réfugié politique à l'étranger, m'exaltaient. La prise du pouvoir par les bolcheviks et leurs difficultés comportaient de nombreux enseignements qui me paraissaient d'intérêt universel. Je me sentais néanmoins plus proche de Mao Tsé-Toung, dont le sens moral s'apparentait, me semble-t-il, plutôt à l'Islam qu'au strict matérialisme de Lénine. Par-dessus tout, la Longue Marche captivait mon imagination. Elle me laissait rêveur. Je me représentais le peuple palestinien, en armes, revenant dans son pays pour chasser les usurpateurs ()»
Ensuite, les pays socialistes allaient soutenir les révolutionnaires palestiniens, tant sur le plan militaire qu'en les faisant passer à l'avant-plan politique. Dès 1964, la Chine fournissait des armes à Al Fatah et accueillait les fedayin afin de leur donner une instruction militaire dans ses camps d'entraînement. A propos de leur visite en Chine, en 1970, Abou Iyad écrit: «Chou En-Laï (Premier ministre chinois de l'époque, ndlr) nous promit le plein soutien de la Chine et nous invita à préciser nos besoins. Il nous donna rendez-vous le lendemain au ministère de la Défense, où l'on nous informa, séance tenante, que toutes nos requêtes d'aide d'ordre militaire ou civil avaient été agréées.» Les Palestiniens allaient ensuite quitter Pékin pour Hanoï, la capitale vietnamienne à l'époque en pleine guerre contre les Américains. «Les conditions de vie à Hanoï étaient pires que celles que mes compatriotes connaissent depuis une trentaine d'années dans les camps de réfugiés. () Nous obtînmes de nos hôtes l'octroi de larges facilités en vue de l'entraînement de nos commandos dans leurs camps. Connaissant leurs moyens limités, nous ne leur demandâmes aucune autre aide.» La reconnaissance diplomatique de l'organisation palestinienne de libération par l'Union soviétique, en 1974, allait amener Arafat pour la première fois à l'Assemblée générale des Nations unies. La reconnaissance internationale de la révolution palestinienne était désormais une réalité.


(*) Toutes les citations proviennent de: Abou Iyad, Palestinien sans patrie, Ed Fayolle, 1978, pp. 64,111,115.

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