La Liste Resist : élections parlementaires du 18 mai 2003



 

photo : Roberto D'Orazio, Zohra Othman et Dyab Abou Yahyah lors de la manifestation STOP USA, contre la guerre en Irak 



 

Sur quelques questions soulevées par la Liste Resist


Luk Vervaet octobre 2004

Il ne s’agissait que d’une initiative qui ne couvrait même pas la petite Belgique dans son ensemble. L’initiative n’a connu qu’une courte existence de 4 mois. Et pourtant, la liste Resist1 a secoué le monde politique belge et a fait parler d’elle bien au-delà de nos frontières. En effet, lors des élections parlementaires du 18 mai 2003, une alliance électorale jugée « impossible et inimaginable », entre des nationalistes musulmans d’origine arabe et la gauche communiste athée, s’est réalisée sous le nom de Resist. Les composantes de ce front électoral étaient l’AEL (Arab European League), le PTB (Parti du Travail de Belgique) et des forces indépendantes (Tiny Mast, maman de deux enfants disparus, Dirk Tuypens, acteur, Koen Calliauw, élu local des Verts, Raf Verbeke, des représentants de Indymedia Belgique…). « Une alliance comme celle-çi (mélange d’écologistes, anti-globalistes, marxistes, musulmans) est un fait unique, pas seulement dans la politique belge, mais dans toute la politique européenne », écrivit le journaliste hollandais Mohammed Benzakour. La liste s’est présentée au Parlement dans la province d’Anvers (deuxième grand port d’Europe, où le Vlaams Blok, parti officiellement condamné en justice pour racisme, obtient depuis une dizaine d’années, et à chaque élection, autour de 30% des voix), et au Sénat dans les 5 provinces néerlandophones.

La droite se déchaîne…

Comme on pouvait s’y attendre, les fascistes du Vlaams Blok se sont déchaînés contre l’AEL et Resist, tant dans la presse que par des initiatives concrets : ils publient la demande d’asile (document confidentiel) de Dyab Abou Jahjah, belge d’origine libanaise, président de l’AEL et tête de liste de Resist (« demandeur d’asile menteur-terroriste, un Ali Baba, qui doit retourner dans son Arabie ») et exigent que sa nationalité belge lui soit retirée.
L’ex-secrétaire de l’OTAN, Willy Claes, et le chef de la sécurité de l’Etat, Koen Dassen, sont montés au créneau pour dénoncer « l’agenda caché de Dyab Abou Jahjah ». Claes le taxe d’être « un pion du mouvement maoïste », et Dassen annonce que « le PTB et l’AEL allaient être suivis de près, au cas où ils forment un front électoral ».
Les médias, et surtout la presse écrite, ont entamé une campagne de dénigrement comme on en a rarement vu en Belgique. La tête de la liste, Dyab Abou Jahjah, est accusée de tous les crimes possibles et imaginables tels qu’ils sont aujourd’hui caricaturés dans la lutte contre la criminalité : ‘terrorisme’ (‘ses liens avec Hezbollah’, ‘incitation à la violence lors d’une manifestation contre l’assassinat d’un marocain à Anvers’), ‘immigration illégale’ (‘mariage blanc avec une Belge’, ‘mensonges pour obtenir la nationalité’), ‘financement illégal et frauduleux’ (‘via l’entreprise libanaise où travaillait son frère..’), attitude ‘contre les homosexuels’, ‘violence et répression à l’égard des femmes’. En avril, un mois avant les élections, le journal Het Laatste Nieuws titrait que « la justice belge examine si Abou Jahjah n’a pas downloadé de la pornographie enfantine sur son ordinateur »….

des résultats électoraux maigres

Les résultats de la liste Resist furent maigres : à Anvers la liste obtient 10.059 voix à la Chambre. Le PTB seul en avait obtenu 8.959 en 1999. Elle obtient 17.604 voix au Sénat en Flandre. Le PTB seul en avait obtenu 24.150 en 1999.
Les raisons de ces modestes résultats trouvent leur origine tout aussi bien dans des éléments extérieurs que dans des facteurs internes. On énumérera la diabolisation et la campagne fasciste contre la liste ; l’accent quasi exclusif, mis par les médias, sur le thème de l’immigration pendant la campagne, et ceci dans un climat droitier généralisé, dont une des expressions est la montée du racisme. Il faut aussi constater le fait que deux forces politiques attirent les voix des ouvriers et des progressistes comme des aspirateurs dans la partie néerlandophone du pays : le Vlaams Blok d’un côté et la social-démocratie menée par le populiste socialiste Steve Stevaert de l’autre. C’est ainsi que toute la représentation parlementaire du parti des Verts « Agalev » a été liquidée de la carte électorale lors de ces élections (ils n’avaient pourtant pas mené une campagne « extrémiste »).
Quant aux facteurs internes, on peut notamment signaler le manque de préparation des membres et des sympathisants des différentes organisations à propos de l’alliance avec les musulmans d’un côté, de l ‘alliance avec les communistes de l’autre ; la période extrêmement courte pour faire connaître la liste et l’insuffisance d’un travail de terrain pendant la campagne électorale ; le manque de personnalités et l’absence d’un élargissement réel à des personnes indépendantes… 

Le ‘front du refus de Resist’ de la part de la gauche..

La formation de cette liste de front et ses résultats ont déclenché de vifs débats parmi les progressistes, au sein des syndicats et les partis d’extrême gauche.
D’abord, le syndicat socialiste FGTB, en particulier la direction de la Centrale Générale des Services Publics (Frans Fermon et Karel Stessens) publie sur une page entière de son organe de mai 2003 un appel qui s’intitule « Daarom niet » (Pour ça non), dans lequel le syndicat appelle ses membres « à ne pas voter Vlaams Blok ni Resist, parce que ce sont deux extrêmes qui se touchent ».
Ensuite, il y a l’appel d’un groupe de progressistes autour de deux philosophes de gauche parmi les plus lus et les plus connus en Flandre, Kruithof et Abicht, publié dans le journal progressiste De Morgen. Ils appellent à ne pas voter Resist « à cause de la présence des communistes-staliniens du PTB sur la liste Resist, et à cause du manque de garanties démocratiques de l’AEL ». « ..We moeten ons baseren op een radicaal democratisch gedachtengoed. We willen dan ook elke vorm van autoritair machtsdenken weren…”
Par ailleurs, les organisations et partis trotskistes, estiment que la liste Resist crée « la division de la classe ouvrière ».
Enfin, après les élections, la nouvelle direction du PTB s’est jointe à ce ‘front du refus’ en déclarant publiquement que « Resist avait été une erreur et une aventure désagréable ». Au sein de l’organisation, l’expérience de Resist et ses résultats décevants deviennent le prétexte du déclenchement d’une lutte à la direction du parti, opposant une ligne (soi-disant) « prolétarienne » à une ligne « petite-bourgeoise et liquidatrice ». Une critique sans merci est ainsi menée contre l’ancienne direction qui avait pris l’initiative de la liste Resist. L’article de bilan de la secrétaire-générale du PTB, Nadine Rosa- Rosso, du 8 octobre 2003 sous le titre « Resist : Les conditions pour un front électoral n’étaient pas mûres », ne suffisait pas ; au niveau intérieur cette expérience va être complètement détruite.
Certes, à côté de ce ‘front du refus’, des démocrates progressistes ont lancé « l’appel de soutien critique » à Resist, bien sûr il subsiste des candidats indépendants sur la liste qui souhaitent la poursuite du projet, et l’on trouve des personnes au sein des syndicats et au sein de différentes organisations d’extrême gauche qui continuent à soutenir la démarche de Resist. Mais, globalement, au sein de toutes les organisations de l’extrême gauche, plutôt que de s’interroger sérieusement sur la nouvelle stratégie à suivre dans les temps actuels, plutôt que de se remettre en question à partir de cette alliance, l’heure est au rejet complet de cette expérience, au refus d’encore reproduire une telle démarche, au repli sur ses propres positions politiques et organisationnelles « sûres ».
Il est au contraire nécessaire de s’interroger sur les motivations qui ont poussé à la formation de la liste et pourquoi la gauche révolutionnaire en Belgique et en Europe a toutes les raisons de continuer à favoriser de telles expériences.
Resist était sans doute un enfant prématuré, mais fallait-il pour autant l’avorter ou en prendre davantage soin ? Resist n’est pas une fin en soi, n’est pas la formule définitive pour créer une alliance, mais était-il un pas nécessaire et un élément indispensable dans la construction d’un front populaire anti-capitaliste et anti-impérialiste ? Poursuivre le débat au lieu de le cloturer est la seule perspective raisonable. D’autant plus que, le temps passant, les initiatives d’unité se poursuivent. Signalons la liste Euro Palestine en France qui s’est présentée pour les élections européennes du 13 juin 2004 sous le mot d’ordre « La paix en Europe passera par la justice au Proche Orient », et qui a obtenu un score honorable. Signalons la tenue de la conférence à Beyrouth en septembre 2004 de la conférence « Quelle stratégie pour les mouvements anti-guerre et anti-mondialisation ? », organisé par la gauche libanaise et le Hezbollah.
Resist met en évidence 3  éléments d’une importance décisive pour le progrès et l’avenir de la gauche communiste et révolutionnaire dans nos pays : la guerre et l’alliance avec les forces musulmanes contre l’impérialisme américain, la lutte contre le racisme, l’unification des forces de gauche à la base la plus large possible.

Photo : Dyab au congrès de Resist

Resist et la question de la guerre impérialiste.

Il y a des événements et des personnes qui marquent une génération.
Ce sont des événements et des personnes qui poussent à la prise de conscience révolutionnaire de toute une partie de la jeunesse progressiste et à la création de nouvelles organisations, de nouvelles formes d’expression culturelle.
Un militant tunisien me racontait que, pour sa génération, la période 55-60 avait été décisive pour la formation de ses camarades et pour la naissance d’une organisation révolutionnaire dans son pays : le début de la lutte du FLN en Algérie et le kidnapping par l’armée française de l’avion qui ramenait les dirigeants de Rabat à Tunis, la nationalisation du Canal de Suez par Nasser et la guerre qui s’ensuivit, l’apparition de la Chine à la conférence de Bandung, la Révolution Cubaine…
Pour la génération de Mai 68, c’était la Révolution culturelle en Chine, la lutte et la mort du Che, de Martin Luther King, de Malcolm X, la guerre anti-impérialiste au Vietnam sous la direction de Ho Chi Minh et dans les colonies portugaises avec Cabral, Mondlane, Mugabe ; la fondation de l’OLP en Palestine et les Panthères Noires aux USA, la lutte pour les droits égaux en Irlande… En même temps, au plan intérieur, il y avait les dizaines de grèves « sauvages ». C’est ce qui a marqué toute une génération, ce qui a poussé à la création de nombreuses organisations révolutionnaires, maoïstes et trotskistes en Occident. C’est ce qui a poussé à la création d’une nouvelle culture des jeunes, avec le concert de Woodstock comme symbole. La poussée révolutionnaire qui est issue de cette période a été complètement sous-estimée et râtée par les partis communistes traditionnels, qui dénonçaient surtout les « dérives gauchistes et petites-bourgeoises » de Mai 68 ...
En ce début de siècle, et avec l’aide des nouvelles technologies, ces influences et ces événements qui marquent la jeunesse sont encore plus présents et ce à une échelle planétaire. Ce qui marque la jeunesse d’aujourd’hui dans nos pays s’est exprimé, à partir des années 1990, dans trois mouvements : contre la mondialisation impérialiste (Seattle, Götteborg, Montréal, Gênes…), contre la montée du fascisme et du racisme (FN, Vlaams Blok, Haider..), et dans le mouvement anti-guerre.
Contrairement à la période avant, il n’y a plus d’alternative socialiste présent, après l’effondrement du socialisme en Union Soviétique et dans les pays de l’Est (« la chute du Mur ») en 1989. Pour l’impérialisme, en 1989, le problème du communisme était définitivement réglé, c’était sa victoire à l’issue d’un siècle de combat contre « l’Empire du mal », comme le disait Reagan de l’Union Soviétique. Les conséquences de la disparition du socialisme sont dramatiques non seulement pour les peuples qui vivaient dans les pays socialistes. L’image du communisme qu’ont intégrée les jeunes d’aujourd’hui, est celui d’un système dictatorial et battu, inactuel et peu présent dans les luttes anti-impérialistes, au contraire de l’action de l’Union Soviétique et de la Chine dans les luttes qui ont suivi la deuxième guerre mondiale. Les pays socialistes encore existants ont perdu l’attrait qu’ils avaient dans les périodes pré- et post-deuxième guerre mondiale. La Chine n’est pas vue comme une alternative. L’inexistence d’un contre-poids se fait sentir jusque dans les luttes sociales où les travailleurs sont confrontés à la délocalisation, au travail flexible et précaire. Il n’y a pas un mouvement ouvrier qui se développe comme ctait le cas pour la génération 68. C’est un mouvement ouvrier qui se défend (mal) contre les attaques, le dernier grand conflit industriel au niveau européen étant la grève des mineurs anglais au milieu des années 80, trahi par la social-démocratie. Au niveau politique les partis communistes de masse en Occident, à des exceptions près, se sont fait remplacés par des mouvements et partis de masse de l’extrême droite.
Le monde a bel et bien changé. Acceptons que, sur ce plan, pour les révolutionnaires communistes l’heure n’est pas seulement au bilan du passé (et au rôle et ‘contribution’ de chacun dans l’affaiblissement du camp socialiste ..), mais aussi à l’acceptation qu’on ne doit pas seulement « continuer » ce qu’on faisait précédemment, mais que le chemin est à refaire, à reconstruire, à regagner.  
L’histoire s’est relancée, quand « l’Empire du mal » a été remplacé par « les Axes du Mal », caractérisant tous des pays musulmans – à l’exception de Cuba et de la Corée du nord –, au remplacement donc de l’opposition capitalisme/communisme par le prétendu « choc des civilisations ». Ce sont les attentats du 11 septembre 2001, les guerres d’agression contre trois petits pays et peuples Arabes et/ou musulmans : l’Afghanistan, la Palestine, l’Irak, ce sont la résistance de l’Intifada et la Résistance Irakienne qui marquent maintenant les esprits, et qui ont généré le plus grand mouvement pour la paix mondiale qu’on ait jamais connu. Le 15 février 2003, pas moins de 12 millions de manifestants ont défilé dans 700 villes de 60 pays pour la paix et contre la guerre en Irak. Le New York Times, disait à cette occasion qu’il y a maintenant deux superpuissances : « les Etats Unis et l’opinion publique mondiale ». Sur le plan culturel, beaucoup de critiques considèrent que le film anti-Bush Fahrenheit 11/9 exerce une même influence et conquiert une même audience jusque dans les coins les plus reculés des Etats Unis (et en dehors), que « Uncle Tom’s Cabin » de Harriet Beecher Stowel dans les années 1850. La chaîne de télévision Al Jazeera joue un rôle important dans l’unification du monde arabe, immigration en Europe comprise. Une nouvelle génération de musiciens, rap, hip-hop et autres, et de poètes, rejoints par ceux qui ont gardé une combativité qui rappelle celle contre la guerre du Vietnam, monte sur scène.

Aussi en Europe


En Europe également (comme on l’a vu lors des campagnes électorales et les résultats de Schröder en Allemagne ou de Aznar en Espagne, avec quelques pays officielement en guerre, et bientôt tout l’OTAN impliqué) et en Belgique (petit pays de 10 millions d’habitants, parmi les dix pays les plus riches au monde), la question de la guerre a dominé et continue à dominer les esprits et la vie politique. A la question de savoir quel était « l’évènement, l’évolution le plus important de l’année 2003 », dans le magazine le plus lu, Humo, posée à quelques dizaines de journalistes, auteurs, écrivains et politiciens flamands (les « BV », bekende Vlamingen) la très grande majorité répond : « la guerre en Irak et Bush ».
La Belgique s’est fait remarquer au niveau mondial par la voix de Louis Michel, ministre des Affaires Etrangères, pour ses positions contre la guerre en Irak, tout en acceptant que le port d’Anvers soit utilisé par les troupes américaines comme base de transport. La Belgique apparaissait avec la France et l’Allemagne comme l’opposition de « la vieille Europe » à la guerre en Irak.
Avant la guerre contre l’Irak, le mouvement pro-palestinien s’était déjà mobilisé. Comme un peu partout dans le monde, à Bruxelles, le 7 avril 2002, entre 30 à 40.000 personnes, la plupart des familles d’origine immigrée, manifestent pour la Palestine et contre l’occupation israélienne : une mobilisation record ! La toute jeune organisation AEL (Ligue Arabe européenne) était une des organisations à la base de la mobilisation pour la Palestine à Anvers. L’AEL s’était déjà fait connaître comme incitant moteur du procès international contre Sharon, entamé en Belgique, pour son rôle dans le massacre de Sabra et Chatilla.
A Anvers, le 3 avril 2002, des incidents éclatent après la manifestation pour la Palestine organisée par l’AEL, qui se voit pointée du doigt. Une nouvelle manifestation demandée par l’AEL pour le 21 avril est interdite, et son président est arrêté. Bien que l’AEL n’a qu’une implantation néerlandophone et locale à Anvers, il bénéficie d’une publicité nationale. Et bientôt même internationale. Il suffit de recenser le New York Times (« The Belgian Malcolm X ») ou la BBC (« A radical voice for Europe » etc.). L’AEL est en rupture avec la social-démocratie belge, dont ses jeunes dirigeants sortent pour la plupart (fait remarquable en Belgique). L’AEL se fait le porte-parole du nationalisme arabe en Europe, prône l’unité de tous les pays Arabes contre l’impérialisme, se bat contre la discrimination et le racisme, refuse l’assimilation, demande des droits égaux pour les immigrés sur le plan de l’emploi, la possibilité d’avoir des écoles islamiques, l’Arabe comme quatrième langue, des patrouilles civiles de contrôle contre les actes racistes de la police etc.. Cette organisation va se lancer à partir de septembre 2002 avec le PTB et le dirigeant ouvrier de Clabecq, Roberto D’Orazio, dans la création d’un front militant STOPUSA, qui organisera la première manifestation en Belgique contre la guerre en Irak le 10 novembre 2003.
L’initiave électorale Resist a été le prolongement politique de cette alliance sur le terrain de la guerre.

Photo : Le livre Resist ! écrit par Dyab Abou Jahjah  et zohra Othman : Plus qu'un choc de cultures.

Cette alliance d’un genre nouveau a le mérite de porter au débat quelques questions essentielles dans la lutte contre la guerre impérialiste :

1) Le lien entre la guerre imperiale et la guerre sociale. Au lieu d’affirmer, au sein de la gauche, que « l’importance de la guerre a été exagéré par Resist» ou que « Resist a mis la guerre unilatéralement au centre des débats au détriment de la ‘lutte des classes’», il faudrait avouer qu’on n’a pas été suffisamment à la hauteur des événements. Reconnaissons qu’on n’a pas été capable de stopper les transports d’armes du port d’Anvers, les bateaux de la mort pour la guerre en Irak, comme avaient réussi à le faire les dockers d’Anvers, sous la direction du Parti Communiste Belge dans les années 50 lors de la guerre de Corée. Reconnaissons qu’on n’a pas su généraliser l’unique grève de 24 heures contre la guerre qu’ont organisée les ouvriers de Caterpillar sous la direction de leur délégation syndicale. Qu’on n’a pas pu lier les quelques Vredesactivisten (Activistes pour la Paix) qui se sont enchaînés aux rails des chemins de fer aux cheminots. Qu’on n’a pas été à la hauteur pour poursuivre et boycotter une ou deux multinationales américaines en Belgique, qui profitent de la guerre et de la ‘reconstruction de l’Irak’, ainsi que l’a proposé Arundhati Roy, écrivaine indienne, activiste au nom des pauvres, non-communiste, au forum social mondial de janvier 2004. Qu’on n’a pas su faire grandir l’idée parmi la classe ouvrière que la guerre contre le tiers monde c’est la même guerre, sous d’autres formes, que le capitalisme mène aussi contre eux dans les usines, ainsi que l’ont dit Jacques Brouckaert, ex-délégué principal de BP, Nadine Rosa-Rosso ou D’Orazio qui disait : « La guerre et les accidents de travail ont un point commun, notamment la source. Même s’il est difficile de les rapprocher, parce que les enjeux semblent tellement différents, ce sont les mêmes principes et le même système de société capitaliste qui provoquent l’un et l’autre » …(Solidaire, 30 octobre 2002).
2) La peur de l’Islam et du communisme. On peut adopter des résolutions dans des séminaires qui disent : « Notre troisième tâche (après l’unification des communistes dans un seul parti et la direction de la lutte des masses) est de renforcer et d’orienter le grand front mondial contre l’ennemi numéro 1 des peuples, l’impérialisme américain, front qui se développe à une échelle jamais vue dans l’Histoire. Ce front contre l’hégémonisme américain est plus large, plus puissant et plus international que le front qui s’est constitué en 1936 contre l’axe fasciste Berlin-Tokyo-Rome. Un mouvement anti-guerre et anti-hégémoniste sans pareil dans l’Histoire se développe contre le fascisme à la Bush et contre ses plans délirants d’une guerre mondiale pour établir un Reich américain millénaire. Il est essentiel de renforcer et d’élargir l’unité des forces populaires dans le combat pour la paix, et cela dans tous les pays…» (Séminaire Communiste International du 1er mai 2003 à Bruxelles, résolution souscrite par 72 organisations). Mais il y a deux problèmes. D’abord, si le sentiment anti-Bush est généralisé, la résistance à la guerre n’est pas dirigée par les communistes comme dans les années 30. Deux. La mobilisation contre la guerre est freinée et bloquée par l’attitude négative et par la peur de la gauche face aux mouvements de résistance islamiques et aux formes de résistances « primitives » dans les pays concernés. Depuis les années 90, suite à la chute du socialisme, l’Islam est sorti de son rôle anti-communiste et anti-nationaliste (comme en Palestine), et s’est en effet approprié le rôle politique de « théologie de la libération » qui entraîne les masses dans la lutte contre l’impérialisme, reprenant ainsi le rôle qu’avait joué le christianisme dans les années 60 en Amérique Latine. Nombreux sont ceux dans la gauche qui reprennent les arguments américains contre « la résistance islamique », accusée de lutter contre « les valeurs de l’occident ». Nombreux sont ceux qui jugent impossible une alliance avec ces forces.
Resist a eu le mérite de réaliser une alliance hors des salles de conférences, de pratiquer l’unité dans la rue, parmi les gens. L’alliance avec l’AEL était un pont vers les mouvements de résistance. Resist a entrepris la tâche pour la gauche de se débarrasser de la peur de l’Islam, d’initier un front concret sur base d’un programme minimum, d’entamer l’étude et l’échange des différentes opinions et positions, d’apprendre les uns des autres dans le respect mutuel. Resist a également posé la question de l’alliance avec les communistes dans la population musulmane d’origine immigrée. Dans le reportage d’un journaliste hollandais sur la campagne électorale de Resist, il constate les réactions contre cette alliance dans la communauté musulmane: « Als moslim ga je toch niet op een lijst staan met atheisten ? » Een eigenaar van een Arabische boeken en Egyptische kunstwinkel in Antwerpen, die de AEL ondersteunt, vindt de Resistlijst niet geloofwaardig. “Met Joden, christenen of andere gelovigen op een lijst staan, is voor mij geen probleem. Maar als moslim op een lijst staan met atheisten die tegen religie zijn; dat is ongeloofwaardig….” Veel moslims begrijpen niet goed waarom Dyab Abou Jahjah met communisten aan de verkiezingen meedoet”. De même au sein de l’AEL, l’alliance avec les communistes posait problème : « Een lid van het politiek bestuur van Brussel en de voorzitter van onze Brusselse afdeling verzetten zich tegen het idee van een front. Ze vonden het al erg genoeg dat om op het niveau van demonstraties met de communisten samen te werken, een alliantie sluiten voor de verkiezingen was voor hen nog een brug te ver…” (Dyab Abou Jahjah, Tussen twee werelden, pg 302-303).

3) Le rôle capitale de l’immigration dans les luttes. Il y a ceux dans la gauche qui justifient leur rejet de Resist en disant que l’immigration n’est qu’une infime minorité dans notre pays, et qu’une alliance avec des organisations d’immigrés divise la classe ouvrière. Il faut par contre souligner que dans tout le mouvement pour la paix et contre la guerre la population d’origine immigrée (Arabe en particulier) a été à l’avant-garde, comme elle l’a été et l’est dans beaucoup de luttes sociales (voir le rôle de l’immigration italienne).
L’AEL a politisé beaucoup de jeunes d’origine immigrée, leur a rendu le sentiment de respect et de dignité, visible dans les manifestations et en dehors. Le front de Resist a eu davantage le mérite de politiser un grand nombre de jeunes d’origine arabe, qui eux, sont le nœud du problème de l’alliance avec les Belges ‘blancs’. A partir de révoltes spontanées, Resist a su les canaliser dans la lutte politique, reconnue comme réponse aux discriminations, Resist les a mis en contact avec leurs alliés, les communistes. Un écrivain démocrate comme Walter Vandenbroeck l’a bien remarqué quand il a félicité Kris Merckx du PTB d’avoir avec Resist réussi à politiser les jeunes immigrés.
C’est la population immigrée, qui fait dans sa toute grande majorité partie de la classe ouvrière, et qui en même temps dans les pays riches comme la Belgique, représente pour la classe ouvrière le lien avec les pays plus pauvres et/ou du tiers monde, qui est dans la ligne de tir des Etats démocratiques, et contre qui l’extrême droite en Europe prépare ses premiers coups.

Photo : Resist, la voie de la résistance.

Resist et la question du racisme.

A part la volonté commune de s’opposer à la guerre, c’est la volonté commune de s’opposer au racisme et aux discriminations qui est à la base de la création de la liste Resist, une question qui se posait de manière aiguë en 2002 et 2003.
En Belgique comme en Europe, depuis la chute du mur, on assiste à la montée spectaculaire de l’extrême droite, aussi bien en France, aux Pays Bas, en Italie, ...
Dans un pays toujours considéré comme modéré et tolérant, les Pays Bas, c’est l’extrême droite populiste « Lijst Pim Fortuyn obtint 26 sièges aux élections à la deuxième Chambre en mai 2002, et devint le deuxième parti des Pays Bas, ce qui le fit entrer immédiatement dans le nouveau gouvernement.
En France, voici la vague brune de Le Pen qui bat pour la première fois les socialistes au premier tour des élections en avril 2002, et obtient 5,5 millions de voix au deuxième tour le 5 mai 2002. En Belgique (et plus particulièrement en Flandre), on doit déplorer le résultat monstre des partis fascistes en 2004 avec plus d’un million de voix pour l’extrême droite !
On pourrait continuer la liste des victoires électorales de l’extrême droite en Europe, mais il n’y a pas que les élections.
Il y a aussi l’effondrement des demandes et des acceptations des demandeurs d’asile et la proposition de construire des centres d’accueil de candidats à l’immigration hors des frontières européennes. Il y a les personnes d’origine immigrée dans nos pays qui souffrent de discriminations sur le marché du travail et du logement. C’est seulement dans les prisons, comme en France (où, en 2004, on comptait plus de 63.000 prisonniers, le chiffre le plus élevé jamais atteint depuis la libération) ou en Belgique (où, en 2003, on note une augmentation de 45% du nombre de prisonniers de moins de 15 ans) que l’immigration est sur-représentée. C’est dans les chiffres des razzias anti-terroristes qu’elle est numéro un, comme en Grande Bretagne dotée de son anti-terrorism act.
Il y a aussi la persistance de la violence raciste.
En mai 2002, un partisan bruxellois de Le Pen en France ne digère pas la défaite de celui-ci au second tour des élections en France et prend sa revanche en tuant un couple marocain à Schaerbeek. En novembre 2002, nouveau meurtre raciste ! Un homme de 66 ans, patient psychiatrique, mais quand même assez lucide pour être raciste, tue le fils de 27 ans de son voisin marocain. De petits incidents avec des jeunes éclatent dans une rue à Anvers. La Belgique bascule et une chaîne d’événements comme on en a rarement vu en Belgique est déclenchée : le premier ministre Verhofstadt déclare au Parlement que Abou Jahjah, qui était sur place au moment des incidents, et qui en est immédiatement désigné comme l’instigateur, doit être arrêté, et que l’AEL sera interdit si nécessaire. Abou Jahjah est aussitôt arrêté et enfermé à la prison d’Anvers. Il risque de 1 à 5 ans d’emprisonnement. Tous ses documents sont confisqués. Il ne sera libéré qu’une semaine plus tard sous une condition politique : il lui est interdit de participer à toute activité politique pendant trois mois. Le 31 mars 2003, Ahmed Azzuz, le vice-président de l’AEL, est condamné à 3 mois de prison conditionnelle pour avoir menacé Gerolf Annemans, le numéro deux du parti fasciste Vlaams Blok.

La liste Resist a cristallisé le débat sur toutes ces questions essentielles.
D’abord, cette liste a pris sa responsabilité en protégeant l’AEL de l’isolement dans lequel l’état et les forces de répression ont voulu la pousser, afin de pouvoir la liquider. Une des tâches des communistes avant et après la deuxième guerre mondiale a été la protection des juifs. Pourquoi une telle attitude ne serait-elle plus d’application aujourd’hui pour la communauté arabe ?
La gauche pratique une politique de l’autruche et joue les abonnés absents au lieu de stimuler les discussions et les rencontres devant la montée des fascistes. Resist a subi des attaques racistes sans précédents dans ce pays. Cela montre la nécessité d’un combat sans merci contre le racisme, aussi et avant tout parmi les jeunes et les travailleurs, parce que c’est eux qui sont porteurs de la société de demain. Ce qu’il faudrait entendre à partir de l’espreince de Resist, c’est un plaidoyer pour des campagnes de masse, au niveau européen, contre le racisme. C’est à partir de cette position qu’une discussion sur la meilleure approche et la tactique adéquate peut se mener. C’est dans ce cadre-là que l’expérience du mouvement communiste dans la lutte contre le racisme peut être repris et étudié, comme les campagnes campagnes exemplaires Objectif 479.917 ou Ecoles et Usines sans Racisme. Prenons exemple à un pacifiste courageux comme Martin Luther King, qui a lancé le mouvement pour briser le racisme jusque dans les coins les plus racistes des Etats-Unis, avec des jeunes, noirs et blancs, qui l’ont souvent payé de leur vie… On peut dire que la liste Resist n’a pas été assez loin. Le lancement d’un mouvement antiraciste avec les centaines de jeunes qui ont travaillé pour Resist aurait été possible. Descendre avec eux dans les quartiers populaires d’Anvers, aller de porte en porte, pour expliquer leur action commune contre la guerre et pour la paix, pour proposer leurs services aux personnes âgées et aux familles en difficulté , c’est cela la voie à proposer.
Plus généralement, la révolution sur le vieux continent impose de briser le racisme et la mentalité de l’aristocratie ouvrière dans nos pays à l’égard de l’immigration. Nos pays ont tous profité du pillage et du massacre des peuples colonisés, ce qui a freiné un développement révolutionnaire. Au temps de Marx s’exerçait en Angleterre un racisme contre les immigrés irlandais, qui fuyaient leur pays à cause de la misère. Il régnait le sentiment général parmi les ouvriers anglais qu’ils « étaient des êtres humains supérieurs aux Irlandais », et ils étaient opposés à la lutte pour l’indépendance de l’Irlande contre l’impérialisme anglais. C’est dans ces conditions que Marx et Engels argumentaient que, pour les travailleurs anglais, « la question de l’émancipation nationale de l’Irlande était la première condition de leur propre émancipation, et pas seulement une question de justice abstraite ou de sentiment humanitaire. » Ils argumentaient que « la tâche des socialistes était de mettre partout le conflit entre l’Angleterre et l’Irlande à l’avant-plan et de choisir partout et ouvertement le camp des Irlandais.» Cela ne s’est pas réalisé, ce qui ne fait que confirmer la profondeur du problème.
Hormis la résistance et les communistes, les dirigeants ouvriers de l’Europe ont tourné la tête quand on a arrêté et transporté et exterminé les juifs et les gitans dans les camps de concentration. Aujourd’hui, le premier camp de concentration de ce siècle s’est installé à Guantanamo, les premières tortures s’opèrent là-bas, dans cette zone de non-droit ou à Abou Graib. Ici, les prisons sont remplies, des Etats-Unis à l’Europe, de gens de couleur. Resist a eu le mérite de poser la tâche d’éradiquer le racisme, si on ne veut pas tomber dans les mêmes pièges que ceux qu’on a connu au cours des siècles passés.

Resist et la longue marche vers un front uni.

Outre le reproche d’accorder trop d’importance à la question de la guerre et au-delà de ce qui est considéré comme une approche gauchiste de la question du racisme, l’argument suprême permettant de rejeter et condamner Resist est que « Resist a été une débâcle et un désastre électoral ».
Mais les « débâcles et les désastres électoraux » de la gauche révolutionnaire en Belgique ne datent pas de la dernière expérience avec Resist. Resist ne fait que confirmer et réactualiser la question de la faiblesse électorale de la gauche radicale et communiste. Il faut en effet savoir que la discussion sur la grande débâcle électorale de Resist se situe une fois encore dans le cadre de résultats électoraux qui, au niveau national et ceci depuis 30 ans, ne dépassent pas les 1 % des voix dans les meilleurs des cas. Est donc clairement posé un problème global de stratégie et de résultats électoraux qui dépasse largement la discussion sur Resist, dont la seule mise en cause relève de la facilité.

Située au même niveau que l’extrême droite il y a 30 ou même 20 ans, la gauche radicale et communiste n’a pu progresser ces 20 dernières années, et ceci malgré une plus grande implantation.

La tranche de l’électorat qui au niveau national vote pour une liste alternative à côté des Verts et à côté de la social-démocratie reste limitée à 35.000 à 60.000 électeurs, Dans cette tranche de l’électorat sont compris tous les résultats des listes trotskistes, de la liste MDP (Moslim Democratische Partij, le parti avec lequel l’AEL s’est présenté aux élections en 2004), du PTB. Les fascistes obtiennent, ensemble, aux mêmes élections plus d’un million de voix. Ecrire dans ces circonstances, comme on l’a vu dans la presse de gauche, que la liste Resist divise « la classe ouvrière » est carrément grotesque. Ecrire, comme aux élections de 2004, qu’un tel ou un tel candidat, à tel ou tel endroit, a réalisé un progrès d’un demi pour cent grâce au fait « qu’on s’est débarrassé de Resist et de la Ligue Arabe Européenne » est particulièrement honteux et ne constitue pas une argumentation digne d’un communiste. Resist a pointé du doigt les problèmes qu’il faudra résoudre pour faire avancer la gauche, aussi au niveau électoral.
photo : Tariq Ramadan et Nadine Rosa-Rosso
D’abord, en Belgique, contrairement à d’autres pays en Europe, on n’est jamais parvenu à créer à côté de la social-démocratie des fronts électoraux de la gauche révolutionnaire représentant une alternative crédible et une alternative électorale réelle pour les travailleurs et les progressistes. C’est une des raisons pour lesquelles aucune des formations de la gauche radicale n’a pu récupérer l’électorat du parti communiste belge (145.000 voix en 1979), qui a disparu dans la nature. Il faudra s’orienter radicalement vers un front de toutes les forces qu’il est possible d’unir.
Pour y arriver, il faudra nécessairement assembler un puzzle et constituer des fronts limités, séparés, régionaux, en vue de se fédérer à plus long terme, comme cela a été expliqué lors du 1 mai 2003 dans un discours de Nadine Rosa-Rosso2. Bien que la Belgique ne soit qu’un tout petit pays et que toutes les libertés bourgeoises s’y exercent depuis plus de cent ans, y construire un front électoral n’est pas une mince affaire. Il y existe des impératifs juridiques et linguistiques – non démocratiques - qui obligent un candidat à se limiter aux régions respectives - Flandre, Bruxelles, Wallonie - et qui font qu’à aucune élection, on ne peut présenter les mêmes candidats au niveau national. Ainsi, la Ligue Arabe Européenne, basée seulement à Anvers, ne pouvait pas présenter son président Abou Jahjah à Bruxelles, où la population d’origine immigrée est la plus nombreuse et la plus concentrée. De même, Roberto D’Orazio ne peut pas se présenter en Flandre, bien qu’il y jouisse d’une popularité certaine. La déléguée de la Sabena, Maria Vindevoghel ne peut pas se présenter sur sa liste en Flandre, ni en Wallonie, mais est limitée à la région de son domicile, et encore seulement pour une seule communauté linguistique.

Finalement, le défi lancé par Resist à l’ensemble de la gauche non-social-démocrate en Belgique, c’est la preuve de la nécessité de s’unir pour redevenir un partenaire sérieux, digne du nom d‘avant-garde du prolétariat’. A ce sujet, nos partenaires dans le front ont bien dû constater deux choses. D’abord, que la gauche (en Belgique) est plus experte en connaissance théorique et en disputes dépassées, plus connue pour sa capacité à définir qui avait raison dans les luttes que d’autres ont menées auparavant et ailleurs, plus intéressée par la méfiance et la volonté de se nuire ou de se détruire sur base de conflits du passé. Plutôt que pour sa capacité à changer quelque chose, ensemble, dans la société d’aujourd’hui. Et en deuxième lieu, que contrairement à eux mêmes, qui développent une vision du monde basée sur leur conviction musulmane et nationaliste, la gauche dans le front n’était pas porteur d’une vision et alternative communiste, cohérente et concrète, ni sur le monde, ni sur la vie, ni sur tous les problèmes auxquels la société d’aujourd’hui est confrontée. Ils n’ont d’ailleurs pas été les seuls à observer cette carence, d’autres candidats indépendants ont stigmatisé le «discours cliché » des communistes, discours « qui ne convainc personne, sauf ceux qui sont déjà convaincus». Le temps travaille pour nous, mais seulement quand on suit le bon chemin. Travaillons à l’unité et, ensemble, à l’élaboration de cette alternative révolutionnaire !

1 Le programme de Resist, adopté lors d’un congrès commun et résultat d’une discussion entre les différentes forces, était formulé en dix points. 
2 Nadine Rosa-Rosso, discours du 1 mai 2003 à la fête du PTB, « réunir les 115.000 pièces pour envoyer Dyab, Collette et Maria au parlement »

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