« Retourne dans ton pays », de la violence symbolique à la violence physique


Cette remarque raciste et humiliante, beaucoup de mes ami-e-s non-blancs, nés en Belgique, ont dû l’entendre de la part de racistes blancs. Elle fait partie de la violence symbolique, journalière dont sont victimes les personnes de couleur dans les quartiers populaires. Comment lutter contre ça ? Par une plainte sur base de la loi contre le racisme ? 
Ou en s’imposant, en allant plus loin dans la réflexion et l’action sur ce qu’il faut changer pour que ça cesse, en développant la solidarité avec celles et ceux qui ne sont pas victimes que d’une violence symbolique, mais pour qui le renvoi « chez eux » est une réalité physique et violente.

Il nous faudra nous attaquer à un système, qui crée, encourage, rend possible et protège les remarques racistes. Ce système envoie le message à la société que nos concitoyens d’origine immigrée, binationaux, ne sont pas des Belges à part entière. Qu’on peut leur retirer la nationalité belge. Qu’on peut les expulser quand ils sortent de prison et les renvoyer » chez eux ». C’est le cas de Malika, en Belgique depuis l’âge de trois ans, et aujourd’hui âgée de soixante, enfermée depuis deux ans dans des centres pour immigré(e)s et ailleurs, en attendant le résultat de son appel devant la Cour européenne des droits de l’homme. De Fouad, toujours en prison à Hasselt, né en Belgique. Mais c’est aussi le cas pour des dizaines d’ex-détenus, bien nés en Belgique, mais qui n’ont jamais demandé ou obtenu la nationalité belge. Toutes ces personnes se retrouvent dans des centres fermés pour immigrés en attendant leur expulsion vers un pays qu’ils ne connaissent pas.

Pour ceux et celles qui disent que, dans ces cas, il ne s’agit que de criminels ou de condamnés terroristes, et que cela nous ne concerne pas, il faut comprendre que toutes les politiques d’expulsion et de bannissement, des nazis jusqu’à aujourd’hui, commencent toujours par ceux et celles qu’on ne connaît pas, mais qui sont diabolisés et dès lors détestés par l’opinion publique.

Quelle est la justification pour une deuxième peine quand, pour des faits identiques commis par des Belgo-Belges, le renvoi ne se pose pas ? Au lieu d’assumer sa responsabilité pour tous ses citoyens, pour tous ses jeunes et leurs actes, cette politique crée l’idée au sein de la population qu’il existerait une Belgique blanche, de corps sain et pur d’un côté, et de l’autre un extérieur étranger, agressant ce corps sain et pur. Si on ne l’arrête pas, cette politique s’élargira, pas à pas. Le fait récent que le droit à une protection consulaire est retiré par la loi aux binationaux en est une preuve. Nous en avons déjà vu les conséquences avec le blocage, pendant des mois, de milliers de binationaux au Maroc lors de la crise sanitaire.

Les belles déclarations politiques sur la mort de Georges Floyd, sur l’unité, le vivre-ensemble et autres belles paroles suffisent : les lois sur la déchéance de la nationalité et la non-protection consulaire doivent être retirées.

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