Message de solidarité aux prisonniers palestiniens, Bruxelles 17 avril 2021


Ce lundi 19 avril, le jury au procès du meurtre de George Floyd prononcera son jugement. 

I can’t breathe, je ne peux pas respirer, le cri répété de George Floyd est aussi le cri des 1 400 Palestiniens arrêtés, seulement depuis le début de cette année 2021. C’est le cri qui jaillit des prisons israéliennes où sont incarcérés plus de 4 500 prisonniers politiques palestiniens, en isolement total ou entassés dans des cellules surpeuplées. 

Quand j’ai interviewé Rasmea Odeh au festival An eye for Palestine, une résistante palestinienne qui a fait dix ans de prison avant d’être libérée lors d’un échange de prisonniers en 1980, elle m’a dit : « Parfois, quand les souvenirs de la torture me reviennent, je ne peux plus respirer, I can’t breathe ». 

I can’t breathe, la mort par la clé d’étranglement, c’est ce que vivent les prisonniers palestiniens : par la torture, la maltraitance, le négligence médicale, l’isolement de sa famille, mais aussi par les peines sans fin pour 543 d’entre eux, comme Marwan Barghouti, dirigeant historique du Fatah, depuis 20 ans en prison, condamné à cinq peines de prison à perpétuité, ou Abdullah Barghouti, condamné à 67 peines de prison à perpétuité.       

550 prisonniers sont malades. Depuis 1967, 226 prisonniers sont morts en prison, dont 73 sous la torture, 71 par négligence médicale, 7 sous les tirs des soldats et de gardiens. De sept prisonniers,  Israël ne veut même pas rendre le corps à leurs familles. 


C’est notre devoir de faire entendre le cri  I can’t breathe autour de nous, par tous les moyens.

Le cri qui jaillit des prisons est le cri de la résistance.  

Où est passé le temps où les prisonniers palestiniens n’étaient pas considérés par ce qu’on appelle la communauté internationale, comme des criminels et des terroristes, mais comme des combattants pour la liberté, des résistants légitimes à cet État néocolonial, d’apartheid et raciste qu’est Israël? 


Le 13 novembre 1974, Yasser Arafat tenait un discours devant l'Assemblée Générale des Nations Unies, dans lequel il condamnait le sionisme comme « une idéologie raciste, impérialiste et colonialiste ». Dans son discours, Arafat défendait le principe d'un seul Etat démocratique palestinien, dans lequel chrétiens, juifs et musulmans vivraient ensemble. Une semaine plus tard, le 22 novembre 1974, l'Organisation pour la Libération de la Palestine devint la première organisation à être admise à l'assemblée générale des Nations Unies avec le statut d'observateur.



Aujourd’hui, les organisations de résistance dont font partie les prisonniers palestiniens, se trouvent sur la liste des organisations terroristes des États-Unis et de l’Europe. Etre placé sur cette liste équivaut à un feu vert pour la mise à mort de ces organisations, non seulement par Israël, mais aussi au niveau international également. Elles sont bannies, ne peuvent plus se déplacer, venir témoigner ou récolter du soutien. Pour les prisonniers, ce feu vert signifie parfois la mise à mort, parce que, avec ces prisonniers terroristes, on peut faire ce qu’on veut. 

Depuis, le train de la criminalisation ne s’est plus arrêté. 


La législation antiterroriste permet de poursuivre toute personne active dans la solidarité avec ces organisations et leurs prisonniers. Tout récemment, en février 2021, le ministre de la Défense israélien a déclaré que Samidoun, l’organisation de solidarité avec les prisonniers palestiniens, est une organisation terroriste faisant partie du FPLP, le Front pour la Libération de la Palestine. En France, le collectif Palestine Vaincra risque de subir le même sort : plusieurs appels à sa dissolution ont été lancés. Un parlementaire de la majorité présidentielle a même fait une demande officielle au ministère de l’Intérieur afin de dissoudre le collectif. Rien d’étonnant quand un président de la République des Lumières, Emmanuel Macron en personne, peut déclarer tranquillement que « L'antisionisme est une des formes modernes de l'antisémitisme »…


Souvenez-vous du rapport « Terrorists in suits », publié par le ministère des Affaires stratégiques d’Israël, sous le titre « les liens entre les  ONG qui font la promotion de BDS et les organisations terroristes ». Pour qu’elles soient toutes interdites dans le pays où elles sont actives. 

Ce processus est en marche, il suffit de voir la persécution régulière des activistes de BDS en France, comme Olivia Zemor, ou les « Six d’Elbit » de Palestine Action en Grande-Bretagne, trainés devant la justice.

Pour la libération des prisonniers politiques palestiniens ! 

Exigeons que toutes les organisations de la résistance palestinienne soient retirées de la liste des organisations terroristes et exigeons leur reconnaissance en tant qu’organisations légitimes de la résistance ! 

Luk Vervaet, pour IPN, International Prisoners’ News



 

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