Julian Assange et le Goulag, dans le pays le plus libre du monde
En avril 2015, Mme Hillary Clinton a prononcé un discours à l'Université de Columbia dans lequel elle a admis ce que l'on peut lire dans n'importe quelle statistique carcérale : environ un détenu sur quatre dans le monde se trouve dans les prisons des États-Unis (US).[1]
Bien sûr, elle n'a pas eu de pensée pour Julian Assange, qui à ce moment était caché depuis trois ans à l'ambassade d'Equateur pour échapper à cette folie carcérale. Elle n'a pas non plus mentionné la peine absurde de 175 ans qu’encourt Assange encourt s'il est reconnu coupable aux États-Unis. Elle ne parlait pas de la peine de mort toujours appliquée, ni du côté le plus sombre du système pénitentiaire US : le régime des prisons de sécurité maximale (supermax) et des mesures administratives spéciales (SAM). Là encore, l'affaire Assange a levé un bout du voile : une juge anglaise a statué en janvier 2020 qu'il ne survivrait pas à une incarcération dans une prison supermax ou à l'imposition des SAM.
Pour beaucoup, ce fut
un choc : existe-t-il des prisons où l'incarcération mène à la mort et au
suicide ? D'autres encore ont entendu les mots ADX, supermax et SAM pour la
première fois. Pas étonnant quand on sait que ces mots et ce qui se cache
derrière ne sont pas ou peu connus, même aux États-Unis
Vol au-dessus d'un
archipel carcéral
Qu'est-ce que Nils Christie appelle « le goulag américain » ? [2] Qu'est-ce que Loïc Wacquant appelle « la folie carcérale américaine d'une ampleur et d'une durée sans précédent dans l'histoire de l'humanité »[3] ? Qu'est-ce que le "Golden Gulag", le titre du livre mondialement connu de Ruth Gilmore, dans lequel elle analyse l'État américain de Californie où au cours des dernières décennies, des prisons ont été construites sur une longueur de 900 miles, près de 1500 km de béton et d’acier ![4]
Quelque 274 000
détenus dans les prisons d'État et fédérales sont âgés de 50 ans ou plus.
Quarante pour cent de
la population carcérale souffre de problèmes de santé (chroniques).
Environ 2 500 détenus
attendent d'être exécutés dans le couloir de la mort (death row).
Le nombre de personnes
condamnées à perpétuité sans aucune chance d'être libérées (without parole)
est passé de 12 000 en 1992 à plus de 53 000 aujourd'hui.
En plus des
prisonniers derrière les barreaux, 878 000 Américains sont "libres" on
parole, en liberté conditionnelle. Au total, 6 700 000 d'adultes sont sous
une forme de contrôle judiciaire. Entre 70 et 100 millions d'Américains - un
Américain sur trois - ont un casier judiciaire.
La classification
des détenus selon le risque de sécurité
La subdivision selon
les niveaux de sécurité et dans les prisons qui fonctionnent selon ce niveau de
sécurité a été poussée à son apogée au cours des dernières décennies et est un
modèle suivi dans le monde entier. Le détenu se voit attribuer un niveau de sécurité,
souvent non pas en fonction de son comportement en prison, mais en fonction de
l'étiquette qu'il reçoit de l'extérieur. Les prisons fédérales ont cinq niveaux
de sécurité, les prisons d'État trois. Quels sont-ils ?
Les prisons et les
centres de détention pour migrants
Selon le Global Detention Project, les États-Unis ont le plus grand système de détention pour migrants au monde.
En 2013, les
États-Unis détenaient 441 000 personnes dans ces centres, en 2018 il y en avait
396 448, et en 2019, le nombre total de détenus migrants était de 503 488. Pour
environ 95 % de ces détenus, la détention dure de six mois à quatre ans. Après
une décision des autorités de l'immigration, ils peuvent être expulsés du pays.
En juin 2019, l'ICE (Immigration and Customs Enforcement) exploitait 214
centres de détention pour sans-papiers, demandeurs d'asile et migrants
criminels. Dans 163 de ces centres, il y a aussi des femmes détenues. En 2017,
plus de 70 % des personnes détenues par l'ICE se trouvaient dans des centres
gérés par des sociétés privées telles que le groupe GEO et la Corrections
Corporation of America/CoreCivic. À son tour, en 2019, une autre agence de
sécurité des frontières (CBP Customs and Border Protection, la Border Patrol)
a détenu entre 14 000 et 18 000 migrants dans ses propres « centres de
traitement ». Toujours en 2019, plus de 12 000 enfants de migrants se
trouvaient dans des institutions sous la supervision du « programme de l'Office
de réinstallation des réfugiés pour les enfants étrangers non accompagnés ».
Rikers Island, une
prison sous garanties
Rikers Island
Le 6 décembre, la télévision
flamande VRT (Terzake) a diffusé un reportage de Björn Soenens sur Rikers
Island, une méga-prison sur une île entre le Bronx et le Queens de New York,
sous le titre « Viol, torture, sans air pendant des mois : bienvenue à Rikers
Island, aux oubliettes de New York ».[9]
Le côté obscur :
ADX Florence, Pelican Bay, Guantanamo, SAMs.
Il a fallu des
décennies pour que les premiers rapports parviennent au public sur ce qui se
passait dans les prisons supermax américaines. "La prison supermax a
commencé comme une réponse des autorités pénitentiaires au mouvement radical
des droits civiques aux États-Unis dans les années 1970", écrit Keramet
Reiter, "d'une forme exceptionnelle de détention, elle est rapidement devenue
une routine. Lorsque la période de détention massive est arrivée dans les
années 1980, le modèle s'est répandu partout aux États-Unis. Au cours des
années 1990, les tribunaux ont affirmé leur constitutionnalité.” [16] Ces prisons dans les prisons, qui s'y trouve,
pourquoi et pour combien de temps ont été quasiment à l'abri de tout examen
public à ce jour. Ce n'est qu'en 2015 qu'un juge a statué que les conditions de
détention des détenus en isolement cellulaire étaient "insuffisamment
soumises à une enquête ou à l'intérêt public". Ce sont les grèves de la
faim des détenus, le travail inlassable d'une poignée d'avocats, de militants
des prisons et de journalistes qui, comme à Guantanamo, ont mis en évidence les
conditions inimaginables dans ces prisons. Les livres de ceux qui y ont été
enterrés vivants pendant des décennies et qui y ont survécu ou y sont morts y
ont également contribué. Comme les écrits de Georges Jackson (30). [17] Ou le livre récent "Solitary :
Unbroken by Four Decades in Solitary Confinement" d'Albert Woodfox (75
ans) qui a passé plus de 40 ans en isolement à la prison d'Angola en Louisiane,
dans une cellule dans une cellule mesurant 2 m x 2 m, 23 heures par jour .
[18] Ou le témoignage de Paul Redd (63 ans, atteint
d'un cancer) qui a passé plus de 30 de ses 44 ans à l'isolement, 22 à 24 heures
sur 24, seul dans une cellule bétonnée, sans fenêtre et mal aérée. [19] Avec son livre « Live from death row »
(En direct du couloir de la mort), traduit en sept langues, le journaliste
incarcéré Mumia Abu Jamal (en prison depuis 40 ans cette année) a attiré
l'attention internationale sur l'horreur de la prison américaine.
ADX Florence
Comme pour la taille
de vêtements XL, le X dans ADX Florence signifie Taille maximale. AD signifie «
Administratif ». Florence représente l'endroit où se trouve cette prison
fédérale : près de Florence dans l'État du Colorado. Datant de 1994, la prison
est également appelée "l'Alcatraz des Rocheuses". Depuis les années
1980, 44 États américains ont construit de telles prisons supermax, soit un
total de 57.
Pélican Bay
Les 90 minutes restantes sont passées, à nouveau seul, dans des cabines en béton. Aucun appel téléphonique n'est autorisé, juste une rare visite sans contact, leur seul contact avec le monde se fait par un conduit par lequel les repas sont passés. [21]
SAM
Le système des mesures
administratives spéciales (SAM) a été inventé à la fin des années 1980. Au
début, elles ne s'appliquaient qu'à quelques individus jugés dangereux jusqu'à
ce qu'à partir des attentats de New-York en 2001, elles soient étendues à une
cinquantaine de détenus à travers les États-Unis. Dans un rapport, des
chercheurs décrivent ces mesures spéciales comme suit : « C'est une forme
d'isolement qui est encore plus extrême que l'isolement lui-même. Les mesures
sont le côté le plus sombre du système pénitentiaire fédéral aux États-Unis.
Elles combinent la brutalité et l’isolement dans des unités de haute sécurité
avec des restrictions supplémentaires qui privent les individus de tout lien
avec le monde humain. Les SAM sont imposées aux détenus qui sont généralement
déjà en isolement cellulaire, et elles intensifient cette expérience. Le droit
de communiquer avec des personnes extérieures à la prison, le droit d'avoir des
conversations personnelles avec un avocat, le droit d'obtenir des informations,
tous ces droits sont limités à l’extrême ou n’existent plus. Les mesures sont
principalement imposées dans la période précédant le procès. Cette période peut
durer des années. Il est clair que ces mesures visent à briser le détenu, à le
contraindre à coopérer, le réduisant à ce qu'on appelle un état de « learned
helplessness » un état « d'impuissance apprise », qui
fait qu’un détenu est à tel point brisé qu’il ne voudra même pas s’échapper si
l’opportunité se présente. [23]
Guantanamo
La plupart d'entre
nous savent que les nazis avaient un système sophistiqué de classification de
la population et des prisonniers. En plus d'un numéro encré sur le front ou
tatoué sur la peau avec un tampon métallique ou une aiguille, les détenus des
camps nazis portaient des insignes : un triangle vert pour les prisonniers de
droit commun, lesquels devaient souvent contrôler les deux autres catégories : les
prisonniers politiques avec un triangle rouge, et les Juifs avec une étoile
rouge-jaune. Un travailleur forcé étranger recevait un badge bleu. Un violet
pour un témoin de Jéhovah. Un rose pour un homosexuel. Un noir pour un asocial,
auquel s'ajoutait un Z pour les Roms et
les Sinti. Et ainsi de suite.
Des groupes de
personnes ont ainsi été déshumanisés par les nazis, réduits à des objets
appartenant à une catégorie. Pour Zygmunt Bauman, dans son analyse du génocide
de l'Holocauste, effacer l'existence de l'individu concret, en le dépersonnalisant
et en le cataloguant dans des catégories abstraites, rendait un génocide
possible. [24]
Le Goulag comme laboratoire de l'extrême isolement et de l'immobilité
L'isolement est une
caractéristique commune des nouvelles prisons aux États-Unis. Cela se reflète
dans ses nouvelles structures et régimes, où le contact humain est réduit au
minimum absolu grâce à l'utilisation des technologies les plus modernes. Alex Kozinski,
ancien juge en chef de la Cour d'appel des États-Unis, a assimilé la pratique
de l'isolement extrême à l'utilisation de la peine de mort, voire pire. « Maintenir des
prisonniers en isolement pendant des décennies est une forme de torture, qui
pourrait faire passer une exécution rapide pour un acte de grâce", a-t-il
déclaré. [25]
Les autorités américaines ont assuré qu'Assange ne serait pas enfermé à l'ADX Florence et qu'il ne serait pas placé sous les mesures SAM. Garanties données sans hésitation. Car les autorités américaines ne se préoccupent pas d'une prison en particulier ou d'un mode de détention en particulier : après tout, les pratiques d'isolement extrême qui s'appliquent dans les prisons supermax sont présentes au sein de l'ensemble du système pénitentiaire.
Dans le régime carcéral normal, il existe des unités d'isolement total appelées unités de logement séparées. Selon la prison, ces unités sont appelées : SHU, IMU, SMU, AU, CU, MCU, CMU, STGMU (Unité d'hébergement de sécurité, Unité de gestion intensive, Unité de gestion spéciale, Unité de ségrégation administrative, Unité de contrôle, Unité de gestion des communications, Unité de sécurité unités de gestion des groupes menaçants…) Plus de 80 à 100 000 détenus qui composent la population carcérale des prisons fédérales ou étatiques se trouvent dans ces unités qui fonctionnent exactement comme ADX Florence [26] et comme des laboratoires de détention en isolement extrême.[27]
Partant de la prison supermax de Pelican Bay, le sociologue et philosophe Zygmunt Bauman a fait une analyse de ces nouvelles prisons. Dans son livre Globalization : The Human Consequences, [28] Bauman écrit que la prison moderne ne ressemble plus aux anciennes prisons de type Panopticon. Là, Il y avait un poste d'observation, le point essentiel de la prison, au centre de la prison, sur lequel toutes les ailes passaient. Toutes les activités des prisonniers étaient observées en permanence. Mais dans une prison comme Pelican Bay, écrit-il, il n'y a aucune activité. Ce que les prisonniers isolés font dans leurs cellules n'a plus d'importance. Tout ce qui compte, c'est qu'ils restent enfermés. Pelican Bay n'est pas conçue pour être une usine où vous apprenez la discipline ou apprenez à travailler de manière disciplinée, dit Bauman. Elle a été conçue comme une fabrique de l'exclusion, une fabrique de l'immobilisme pour ceux qui sont déjà habitués à être exclus. Pelican Bay est proche de réaliser l'immobilité parfaite.
Bauman trace une ligne des camps de concentration jusqu’à la prison moderne de Pelican Bay. Il écrit : « Les camps de concentration étaient les laboratoires de la société totalitaire, où les limites de la soumission humaine et de l'esclavage étaient testées. Les prisons panoptiques étaient les laboratoires de la société industrielle, où les limites de la routine et du répétitif dans l'humain étaient explorées. La prison de Pelican Bay est un laboratoire de la société mondialisée ou planétaire, dans laquelle les limites de l'isolement spatial et de la gestion des déchets humains de la mondialisation sont testées jusqu’à leurs limites extrêmes ».
Dans l'Allemagne nazie des années 1930, les prisons étaient les laboratoires de l'horreur de masse qui allait suivre. Aujourd’hui, tout comme dans ces années 1930, la prison n'a pas sa place dans les discussions sur comment combattre le fascisme. À tort.
Peut-être que, ici
aussi, Julian Assange est le messager.
[1] https://www.washingtonpost.com/news/fact-checker/wp/2015/04/30/does-the-united-states-really-have-five-percent-of-worlds-population-and-one-quarter-of-the-worlds-prisoners/
[2] Nils Christie, Crime control as industry, Towards Gulags, Western
style, Routledge, 1993
[3] Loïc Wacquant, Probing the meta-prison,
avant-propos, “The Globalisation of Supermax prisons”, édité par Jeffrey Ian
Ross, Rutgers university press, 2013
[4] Depuis 1984, la Californie à elle seule a
construit 33 grandes prisons aux côtés de 57 prisons plus petites, le plus
grand plan de construction de prisons de l'histoire du monde et une
augmentation de 450 % du nombre de personnes derrière les barreaux entre 1980
et 2007. Ruth Wilson
Gilmore, “Golden Gulag Prisons, Surplus,
Crisis, and Opposition”, dans Globalizing California par Ruth Wilson Gilmore (Auteur) January 2007 https://www.ucpress.edu/book/9780520242012/golden-gulag
[5] Selon les différentes statistiques et les
années, le nombre de détenus varie entre 2,1 millions et 2,3 millions, entre
680 et 710 détenus pour 100 000 habitants. Cependant, l'ordre de grandeur des
chiffres de détention au cours de la dernière décennie est resté inchangé.
Tous les
chiffres de cet article ont été tirés des sources suivantes :
Avery
Gordon, the United States military prison, dans “The violence of incarceration”
par Phil Scraton et Jude McCulloch, Routledge pg 167 https://www.researchgate.net/publication/283716121_The_Violence_of_Incarceration
;
The SAGE Encyclopedia of Criminal
Psychology, édité par Robert D. Morgan, 2019 ;
Document d'information; The Dangerous Overuse of Solitary
Confinement in the United States © 2014 ACLU Foundation; https://www.aclu.org/sites/default/files/assets/stop_solitary_briefing_paper_updated_august_2014.pdf ; https://www.prisonpolicy.org/reports/pie2017.html
https://www.prisonpolicy.org/blog/2021/06/08/prison_mortality/
https://theconversation.com/whats-hidden-behind-the-walls-of-americas-prisons-77282 ; http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/03/17/97001 ;
http://www.sentencingproject.org/publications/color-of-justice-racial-and-ethnic-disparity-in-state-prisons/ https://www.huffingtonpost.com/entry/pennsylvania-life-without-parole_us_5ba17167e4b046313fc04611 ; https://prison.laws.com/penology/types-of-prison/security-levels-in-prison ; https://www.sydneycriminallawyers.com.au/blog/supermax-prisons-doing-more-harm-than-good/ ;
[6] https://information.tv5monde.com/info/aux-etats-unis-les-detenus-des-prisons-federales-confines-apres-une-rixe-mortelle-442954
[8] Le nombre de prisons, selon Prison Policy
Initiative (mars 2020), est le suivant : « Le système de justice pénale
américain détient près de 2,3 millions de personnes dans 1 833 prisons d'État,
110 prisons fédérales, 1 772 centres de détention pour jeunes, 3 134 prisons
locales, 218 centres de détention pour migrants. et 80 prisons dans le pays
indien, ainsi que dans les prisons militaires, les centres hospitaliers
psychiatriques civils et les prisons des territoires américains (tels que Porto
Rico, Guam, les îles Vierges américaines et autres) ».
[11] https://www.motherjones.com/politics/2013/05/america-10-worst-prisons-rikers-island-new-york-city/
[13] https://www.cityandstateny.com/policy/2020/10/a-timeline-on-the-closure-of-rikers-island/175534/
[16] 23/7 Pelican Bay Prison and the rise of
long-term solitary confinement, Keramet Reiter, Yale University Press 2016
[17] Georges Jackson : Soledad Brother : The prison
letters of George Jackson, Blood in my
eye
[22] https://www.cbc.ca/radio/thecurrent/the-current-for-april-3-2019-1.5082470/it-destroys-your-humanity-albert-woodfox-on-surviving-44-years-in-solitary-confinement-1.5082475
[24] Modernity and the Holocaust, Zygmunt Bauman,
Polity Press, 1991
[25] https://www.businessinsider.com/one-of-americas-most-famous-judges-admits-theres-a-punishment-thats-just-as-bad-as-the-death-penalty-if-not-worse-2016-1?r=US&IR=T
[26] https://www.vera.org/publications/solitary-confinement-common-misconceptions-and-emerging-safe-alternatives
[27] J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec Jean
Casella, le co-fondateur de Solitary Watch, une organisation américaine qui
dénonce ces formes de détention publiquement inconnues dans un isolement total
depuis 2009: voir http://supermax.be/hell-is-a-very-small-place-an-interview-with-jean-casella-from-solitary-watch-by-luk-vervaet/
[28] Zygmunt Bauman, Globalization: The
Human Consequences, John Wiley & Sons, 2013
Cet article est la deuxième partie de "Julian Assange, la guerre et le goulag américain"
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