Les tabous de la campagne électorale… (update)

 
Le racisme institutionnel tue, une affiche de 2009,
toujours d'actualité
Il y a quinze jours, Khadija Senhadji rédigeait une lettre au nom du Comité Free Ali demandant la position des têtes de liste des partis ( Didier Reynders (MR); Georges Dallemagne (CDH); François De Smet (Défi); Ahmed Laaouej (PS); Zakia Khattabi (Ecolo); Maria Vindevoghel (PTB), Dyab Abou Jahjah (Be.One) sur trois lois adoptées pendant la précédente législature. 

Il s’agit de la loi du 20 juillet 2015 sur la déchéance de la nationalité pour les binationaux, de la loi du 24 février 2017 (dite « loi de déportation »), et de la loi du 9 mai 2018 qui a modifié le Code consulaire et prévoit que les Belges binationaux ne peuvent pas prétendre à l’assistance consulaire de la Belgique dans le pays de leur autre nationalité.

À part le nouveau parti Be.one, aucun parti n’a répondu. Défi a fait savoir qu’ils étaient trop occupés. Comme le montre la réponse de Be.one, les questions posées sont pourtant très faciles à répondre.  


Il s’agit d’autre chose : tous ces partis (du MR au PTB (1), ont ou bien voté ces lois, ou se sont abstenus lors du vote. Personne n’a voté contre, d’où la difficulté de faire marche arrière. Ensuite, comme le montre le tollé médiatique et politique contre le tract de la toujours courageuse Zoé Genot, la peur de perdre des voix et d’être accusés de « communautarisme » est omniprésente.
Pour la classe politique en Belgique, s’opposer au racisme et aux discriminations s’appelle aujourd’hui faire du communautarisme. Tous ces partis ont besoin des votes des binationaux pour obtenir leurs postes dans les différents parlements, tout en cachant, derrière leurs candidats souriants, leur contribution à une politique systémique raciste.
Oui, il s’agit d’un système d’inégalités. L’inégalité est la marque de fabrique de ce système capitaliste. L’inégalité, aussi bien celle entre les riches et les pauvres, que celle entre les « vrais citoyens » et ceux du seconde zone issus de l’immigration ou pire, les sans-papiers. 
Qu'on ne me dise pas qu’après les élections tout va changer par l’action parlementaire.
Les choses changeront quand celles et ceux d'en-bas, des quartiers, des lieux de travail et des communautés confondues vont se réapproprier la politique et entreront en résistance.
Tant que les réfugiés se noient en Méditerranée, tant que les lois racistes sur la déchéance de la nationalité, de déportation, de non-protection consulaire des binationaux existent, tant qu'Ali Aarrass est en prison, tant que l'extradition illégale de Nizar Trabelsi reste impunie, tant qu'on construit plus de prisons que de centres de soins, tant qu'on enferme les hébergeurs, tant qu’on ne ramène pas les enfants de la Syrie... les élections démocratiques ne créent qu’une illusion démocratique, tout en masquant la dictature des puissants et des riches et un système d’inégalités.

((1)    La publication de ce texte sur facebook a fait réagir le PTB, disant que leur réponse nous a déjà été envoyée le 13 mai. Réponse que nous n’avions pas reçue.Un malentendu qui a été réparé immédiatement par la publication de la réponse du PTB sur le site Free Ali. Nous y apprenons que le PTB veut l’abrogation des trois lois racistes. 

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