Nous voulons la réouverture de la prison-musée de Tongres ! L’appel est lancé par le nouveau livre « Le musée de Tongres est mort ! Vive la prison ?».
Dans « La Grande Encyclopédie des Prisons et des Systèmes Carcéraux dans le monde »(1) , la prison de Tongres est mentionnée comme « la première prison en Belgique qui fût construite selon le modèle pennsylvanien ».
La prison de Tongres est en effet un monument de l’histoire sociale de notre pays, reconnu mondialement.
Elle est le témoin historique du début de la prison moderne, expérimentée aux États-Unis, à partir des années 1820, à la Eastern State Penitentiary à Philadelphie.
Une incarcération basée sur « la pénitence » (d’où le nom ‘penitentiary’), par la séparation et l’isolement quasi-total des détenus. Par la suite, ce modèle a été généralisé dans toutes les prisons belges qu’on connaît encore aujourd’hui, toutes construites entre 1844 et 1919.
Cette immense réforme carcérale a été l’œuvre d’Edouard Ducpétiaux. Il était devenu, à l’indépendance de la Belgique en 1830, l’inspecteur général des prisons et des établissements de bienséance. Selon La Grande Encyclopédie, Ducpétiaux a opté pour ce modèle américain après une tournée dans les prisons américaines pendant les années 1830. Tout comme ses collègues de Russie, de Prusse, des Pays-Bas, de France, d’Autriche, du Danemark, de Suède… qui venaient visiter la jeune république américaine et ses nouvelles prisons. Et qui allaient importer ce modèle carcéral dans plus de 300 prisons à travers le monde.
La séparation et l’isolement quasi-total des détenus a été abandonné vers la fin du 19ième siècle, parce que jugé trop cruel. Ce qui rend l’histoire de l‘Eastern State Penitentiary et de Tongres si actuelle aujourd’hui, c’est le retour à ce même type d’isolement carcéral dans les prisons modernes, inspiré à nouveau, comme il y a 200 ans, par le modèle d’incarcération américain.
Les effets dévastateurs sont pourtant connus depuis 200 ans. L’Eastern State Penitentiary à Philadelphie a été le sujet du carnet de voyage “American Notes for General Circulation ”, de l’écrivain Charles Dickens. Dickens a visité la prison en 1842 et a écrit un texte bouleversant sur l’horreur de la vie solitaire des détenus, enterrés vivants dans cette prison, et contre l’isolement carcéral. Il sera suivi par d’autres auteurs comme Hans Christian Andersen.
Aujourd’hui, cette prison, « la prison la plus historique des États-Unis », a été classée en 1965 comme « National historic Landmark », un bâtiment avec « une signification historique exceptionnelle ».
Et en Belgique ?
Qu’en reste-t-il de notre propre monument historique qu’est la prison de Tongres ?
Le 2 avril 2005, la prison de Tongres a fermé ses portes. Désaffectée pour cause d’insalubrité, et après que les derniers septante prisonniers eurent été transférés vers la prison de Hasselt, la prison devint une prison-musée.
Les autorités pénitentiaires belges, avec leur manque de vision et trop occupées par leur volonté de construction de nouvelles prisons, n’eurent aucun mérite dans cette transformation. C’est le Musée Gallo-romain de Tongres qui reçut la gestion de la prison vétuste, pour l’utiliser comme lieu de stockage. C’est ce musée qui, de sa propre initiative, en a fait une prison-musée, grâce à l’inspiration de la designer Linde Hermans. Pas pour longtemps : pour trois ans seulement, de 2005 à 2008.
En 2008, coup de tonnerre, quand le ministre de la justice Vandeurzen, les autorités pénitentiaires, soutenues par le bourgmestre de Tongres, l’actuel président du parlement fédéral Patrick Dewael, annoncent la fermeture du musée et sa réouverture comme prison pour jeunes délinquants !
Nous nous sommes mobilisés contre cette décision incompréhensible, témoignant d’un mépris et d’une méconnaissance totale de ce qui avait été réalisé dans ce lieu par des dizaines de personnes, attirant près de 300.000 visiteurs en trois ans de temps.
Jean-Marc Mahy et moi, aidés par La Revue nouvelle et Joëlle Kwashin, ont lancé un Appel pour Sauver le musée de Tongres, contre sa réouverture comme prison pour jeunes.
Signés par quelques centaines d’éducateurs, de professeurs, de magistrats, d’acteurs de terrain en prison et de militants des droits de l’enfant, l’Appel a été suivi par des lettres ouvertes, des cartes blanches et des articles dans les journaux, une conférence de presse et une manifestation à Tongres.
Les autorités, du ministre jusqu’au bourgmestre de Tongres, n’ont jamais voulu répondre à nos lettres, ni nous recevoir pour un entretien. Elles sont restées sourdes tant à nos arguments, qui défendaient l’existence de cet outil pédagogique unique, qu’aux critiques des défenseurs des droits de l’enfant qui trouvaient irresponsable sa réouverture en tant que prison pour jeunes.
Aujourd’hui, dix ans après, ces mêmes autorités viennent nous dire tranquillement, sans gêne ni excuses, que cette vieille prison n’est quand même pas adaptée pour y enfermer des jeunes et qu’elles veulent la fermer fin 2019. Et c’est là que notre livre prend toute son importance.
Pour la réouverture de la prison-musée de Tongres.
Avec notre livre « Le musée de Tongres est mort ! vive la prison ? » (Éditions Academia/L’harmattan) nous retraçons la lutte pour la sauvegarde de ce musée il y a dix ans et nous lançons un nouvel appel pour la création d’une prison-musée en Belgique.
En cette époque de vague de constructions de nouvelles prisons, et, en particulier à Haren, de la plus grande prison belge de tous les temps, ce livre veut montrer que le combat n’est jamais fini, et que même après une défaite il y a dix ans, nous sommes capables de nous relever pour continuer la lutte. (Re)créer la prison-musée de Tongres est un des maillons dans la longue chaine d’opposition à la folie carcérale actuelle.
Il ne s’agit pas d’un plaidoyer pour promouvoir un tourisme carcéral. Ni pour construire un Disneyland carcéral, ni pour y organiser des « Jailhouse Lounge » avec champagne et caviar, comme l’a fait Patrick Dewael. Il ne s’agit pas non plus de créer un endroit de peur et d’effroi à l’américaine, où le but est d’intimider et d’effrayer les jeunes visiteurs tout en justifiant les humiliations et les violences qui y ont lieu.
Notre conception d’un musée carcéral, hébergé dans ce monument historique, est celui d’un centre d’éducation et de témoignage sur les douleurs de l’incarcération dans le passé jusqu’à aujourd’hui. Un centre pour stimuler la réflexion et le débat pour ouvrir les portes à une autre justice. Par tous les outils et moyens possibles : la visite, les témoignages, les rencontres-débats, les conférences, les pièces de théâtre, les films, les séminaires.
Le travail de Jean-Marc Mahy
Le livre met en avant le travail de Jean-Marc Mahy à la prison-musée de Tongres. D’abord, parce qu’il est une des rares personnes en Belgique, qui arrive à nous faire comprendre ce qu’était le régime d’isolement carcéral à l’Eastern State penitentiary et à Tongres. Pendant les années 1990, en tant que jeune détenu, il a vécu lui-même, pendant trois ans ce régime d’isolement total, 24/24h, dans une prison au Luxembourg. Dans sa pièce de théâtre « Un homme debout », il nous livre son expérience de survivant à ce régime qui a provoqué des séquelles psychiques graves et qui l’a mené au bord du suicide. Il y a échappé grâce à sa force de caractère et à la lecture. Mais il a vu des codétenus sombrer dans la folie et se suicider pendant ou après cette expérience d’isolement extrême. Ensuite, le livre met en lumière son travail remarquable de prévention et d’éducation des jeunes visiteurs du musée. C’est en tant qu’ex-détenu et éducateur qu’il les guidait dans la découverte du monde carcéral. Le fait que des ex-détenus y faisaient le guide donnait à ce musée un caractère hors du commun.
Un travail collectif
Ce livre est un vrai travail collectif et il ne pouvait pas en être autrement. Arriver à une conception nouvelle sur la justice, comment remédier autrement aux conflits, au mal, à la délinquance demandera l’expérience de terrain de personnes de différents horizons. Elle ne viendra pas des œuvres académiques ou des décisions politiques venant d’en haut. Elle sera le résultat d’un travail collectif. À ce livre ont contribué Joëlle Kwashin, Marcus, Philippe Landenne, Christophe Dubois, Peter Boelens, Fabienne Brohée, Marie-Hélène Duvivier, Linde Hermans, Françoise Ligot, Daniel Nokin, Jean-Robin Poitevin, Christophe Rémion, Bruno Vanobbergen, Jean-Claude Vimont, Jean-Marc Mahy et moi-même. Il finit par la publication de la liste des premiers signataires de l’Appel pour sauver la prison-musée de Tongres. Et commence avec une citation de la regrettée Florence Dufaux, sociologue et criminologue : « Il conviendrait de réaménager la prison de Forest en musée, tel qu’était le musée de la prison de Tongres avant qu’elle ne soit cyniquement transformée en centre fermé pour mineurs, comme outil de sensibilisation sur la question de l’enfermement, plutôt que de la transformer en logements de luxe ».
Si vous voulez collaborer à la campagne pour l’ouverture d’une prison-musée en Belgique, si vous voulez vous procurer notre livre, contactez-nous !
Luk Vervaet, novembre 2019
Notes
(1) Prisons and Prison systems A Global Encyclopedia, Michel P. Roth, Geenwood Press
La prison de Tongres est en effet un monument de l’histoire sociale de notre pays, reconnu mondialement.
Elle est le témoin historique du début de la prison moderne, expérimentée aux États-Unis, à partir des années 1820, à la Eastern State Penitentiary à Philadelphie.
Une incarcération basée sur « la pénitence » (d’où le nom ‘penitentiary’), par la séparation et l’isolement quasi-total des détenus. Par la suite, ce modèle a été généralisé dans toutes les prisons belges qu’on connaît encore aujourd’hui, toutes construites entre 1844 et 1919.
Eastern State Penitentiary, Philadelphie, USA |
Cette immense réforme carcérale a été l’œuvre d’Edouard Ducpétiaux. Il était devenu, à l’indépendance de la Belgique en 1830, l’inspecteur général des prisons et des établissements de bienséance. Selon La Grande Encyclopédie, Ducpétiaux a opté pour ce modèle américain après une tournée dans les prisons américaines pendant les années 1830. Tout comme ses collègues de Russie, de Prusse, des Pays-Bas, de France, d’Autriche, du Danemark, de Suède… qui venaient visiter la jeune république américaine et ses nouvelles prisons. Et qui allaient importer ce modèle carcéral dans plus de 300 prisons à travers le monde.
La séparation et l’isolement quasi-total des détenus a été abandonné vers la fin du 19ième siècle, parce que jugé trop cruel. Ce qui rend l’histoire de l‘Eastern State Penitentiary et de Tongres si actuelle aujourd’hui, c’est le retour à ce même type d’isolement carcéral dans les prisons modernes, inspiré à nouveau, comme il y a 200 ans, par le modèle d’incarcération américain.
Les effets dévastateurs sont pourtant connus depuis 200 ans. L’Eastern State Penitentiary à Philadelphie a été le sujet du carnet de voyage “American Notes for General Circulation ”, de l’écrivain Charles Dickens. Dickens a visité la prison en 1842 et a écrit un texte bouleversant sur l’horreur de la vie solitaire des détenus, enterrés vivants dans cette prison, et contre l’isolement carcéral. Il sera suivi par d’autres auteurs comme Hans Christian Andersen.
Aujourd’hui, cette prison, « la prison la plus historique des États-Unis », a été classée en 1965 comme « National historic Landmark », un bâtiment avec « une signification historique exceptionnelle ».
Photos : la prison-musée de Tongres, un monument historique |
Qu’en reste-t-il de notre propre monument historique qu’est la prison de Tongres ?
Le 2 avril 2005, la prison de Tongres a fermé ses portes. Désaffectée pour cause d’insalubrité, et après que les derniers septante prisonniers eurent été transférés vers la prison de Hasselt, la prison devint une prison-musée.
Les autorités pénitentiaires belges, avec leur manque de vision et trop occupées par leur volonté de construction de nouvelles prisons, n’eurent aucun mérite dans cette transformation. C’est le Musée Gallo-romain de Tongres qui reçut la gestion de la prison vétuste, pour l’utiliser comme lieu de stockage. C’est ce musée qui, de sa propre initiative, en a fait une prison-musée, grâce à l’inspiration de la designer Linde Hermans. Pas pour longtemps : pour trois ans seulement, de 2005 à 2008.
En 2008, coup de tonnerre, quand le ministre de la justice Vandeurzen, les autorités pénitentiaires, soutenues par le bourgmestre de Tongres, l’actuel président du parlement fédéral Patrick Dewael, annoncent la fermeture du musée et sa réouverture comme prison pour jeunes délinquants !
Nous nous sommes mobilisés contre cette décision incompréhensible, témoignant d’un mépris et d’une méconnaissance totale de ce qui avait été réalisé dans ce lieu par des dizaines de personnes, attirant près de 300.000 visiteurs en trois ans de temps.
Jean-Marc Mahy et moi, aidés par La Revue nouvelle et Joëlle Kwashin, ont lancé un Appel pour Sauver le musée de Tongres, contre sa réouverture comme prison pour jeunes.
Signés par quelques centaines d’éducateurs, de professeurs, de magistrats, d’acteurs de terrain en prison et de militants des droits de l’enfant, l’Appel a été suivi par des lettres ouvertes, des cartes blanches et des articles dans les journaux, une conférence de presse et une manifestation à Tongres.
Photos : La manifestation contre la fermeture de la prison-musée (Tongres 18 octobre 2008) |
Les autorités, du ministre jusqu’au bourgmestre de Tongres, n’ont jamais voulu répondre à nos lettres, ni nous recevoir pour un entretien. Elles sont restées sourdes tant à nos arguments, qui défendaient l’existence de cet outil pédagogique unique, qu’aux critiques des défenseurs des droits de l’enfant qui trouvaient irresponsable sa réouverture en tant que prison pour jeunes.
Aujourd’hui, dix ans après, ces mêmes autorités viennent nous dire tranquillement, sans gêne ni excuses, que cette vieille prison n’est quand même pas adaptée pour y enfermer des jeunes et qu’elles veulent la fermer fin 2019. Et c’est là que notre livre prend toute son importance.
Pour la réouverture de la prison-musée de Tongres.
Avec notre livre « Le musée de Tongres est mort ! vive la prison ? » (Éditions Academia/L’harmattan) nous retraçons la lutte pour la sauvegarde de ce musée il y a dix ans et nous lançons un nouvel appel pour la création d’une prison-musée en Belgique.
En cette époque de vague de constructions de nouvelles prisons, et, en particulier à Haren, de la plus grande prison belge de tous les temps, ce livre veut montrer que le combat n’est jamais fini, et que même après une défaite il y a dix ans, nous sommes capables de nous relever pour continuer la lutte. (Re)créer la prison-musée de Tongres est un des maillons dans la longue chaine d’opposition à la folie carcérale actuelle.
Il ne s’agit pas d’un plaidoyer pour promouvoir un tourisme carcéral. Ni pour construire un Disneyland carcéral, ni pour y organiser des « Jailhouse Lounge » avec champagne et caviar, comme l’a fait Patrick Dewael. Il ne s’agit pas non plus de créer un endroit de peur et d’effroi à l’américaine, où le but est d’intimider et d’effrayer les jeunes visiteurs tout en justifiant les humiliations et les violences qui y ont lieu.
Notre conception d’un musée carcéral, hébergé dans ce monument historique, est celui d’un centre d’éducation et de témoignage sur les douleurs de l’incarcération dans le passé jusqu’à aujourd’hui. Un centre pour stimuler la réflexion et le débat pour ouvrir les portes à une autre justice. Par tous les outils et moyens possibles : la visite, les témoignages, les rencontres-débats, les conférences, les pièces de théâtre, les films, les séminaires.
La dernière conférence de Jean-Marc Mahy (à gauche) à la prison-musée de Tongres (octobre 2008) |
Le livre met en avant le travail de Jean-Marc Mahy à la prison-musée de Tongres. D’abord, parce qu’il est une des rares personnes en Belgique, qui arrive à nous faire comprendre ce qu’était le régime d’isolement carcéral à l’Eastern State penitentiary et à Tongres. Pendant les années 1990, en tant que jeune détenu, il a vécu lui-même, pendant trois ans ce régime d’isolement total, 24/24h, dans une prison au Luxembourg. Dans sa pièce de théâtre « Un homme debout », il nous livre son expérience de survivant à ce régime qui a provoqué des séquelles psychiques graves et qui l’a mené au bord du suicide. Il y a échappé grâce à sa force de caractère et à la lecture. Mais il a vu des codétenus sombrer dans la folie et se suicider pendant ou après cette expérience d’isolement extrême. Ensuite, le livre met en lumière son travail remarquable de prévention et d’éducation des jeunes visiteurs du musée. C’est en tant qu’ex-détenu et éducateur qu’il les guidait dans la découverte du monde carcéral. Le fait que des ex-détenus y faisaient le guide donnait à ce musée un caractère hors du commun.
Un travail collectif
Ce livre est un vrai travail collectif et il ne pouvait pas en être autrement. Arriver à une conception nouvelle sur la justice, comment remédier autrement aux conflits, au mal, à la délinquance demandera l’expérience de terrain de personnes de différents horizons. Elle ne viendra pas des œuvres académiques ou des décisions politiques venant d’en haut. Elle sera le résultat d’un travail collectif. À ce livre ont contribué Joëlle Kwashin, Marcus, Philippe Landenne, Christophe Dubois, Peter Boelens, Fabienne Brohée, Marie-Hélène Duvivier, Linde Hermans, Françoise Ligot, Daniel Nokin, Jean-Robin Poitevin, Christophe Rémion, Bruno Vanobbergen, Jean-Claude Vimont, Jean-Marc Mahy et moi-même. Il finit par la publication de la liste des premiers signataires de l’Appel pour sauver la prison-musée de Tongres. Et commence avec une citation de la regrettée Florence Dufaux, sociologue et criminologue : « Il conviendrait de réaménager la prison de Forest en musée, tel qu’était le musée de la prison de Tongres avant qu’elle ne soit cyniquement transformée en centre fermé pour mineurs, comme outil de sensibilisation sur la question de l’enfermement, plutôt que de la transformer en logements de luxe ».
Si vous voulez collaborer à la campagne pour l’ouverture d’une prison-musée en Belgique, si vous voulez vous procurer notre livre, contactez-nous !
Luk Vervaet, novembre 2019
Notes
(1) Prisons and Prison systems A Global Encyclopedia, Michel P. Roth, Geenwood Press
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