Nous n'avons pas besoin de reconnaître un État palestinien, mais bien la résistance palestinienne.
Du 23 au 29 septembre 2025, la 80ièmeassemblée générale (AG) des Nations unies (ONU) se tiendra à New York. Le génocide à Gaza sera le sujet brûlant sur lequel les chefs d'État et de gouvernement s'exprimeront. Certains de ces orateurs sont complices du génocide par leur silence et leur refus d'agir. D'autres en sont directement responsables en raison de leur soutien politique, militaire et économique à Israël.
Certains pays occidentaux, comme la Belgique, tentent de sauver les apparences d’une décence occidentale en reconnaissant la Palestine comme un État.
Or, après deux ans de génocide et de destruction totale des infrastructures, il ne reste plus rien qui puisse ressembler à un État palestinien. Cette reconnaissance est en plus assortie de conditions coloniales.
Voyez-vous, aucun pays ne peut mettre fin au massacre colonial
d'Israël ni obliger ce dernier à ouvrir les frontières de Gaza aux
journalistes, aux travailleurs humanitaires, à l'aide alimentaire et à l'eau.
De plus, a déclaré De Wever, le Premier ministre belge, la Belgique est
beaucoup trop petite et insignifiante pour imposer quoi que ce soit à Israël.
Mais elle est assez puissante et grande pour donner des leçons aux
Palestiniens. Ainsi, selon la Belgique et autres qui souhaitent reconnaître la
Palestine, le Hamas ne peut pas participer aux élections futures et doit
déposer les armes. Pour les soutiens d’Israël, pas question d’un accord politique
avec le Hamas et les Brigades Al-Qassam. Pas d’accord de paix comme cela a été
le cas pour Sinn Fein et l’IRA lors des accords du Vendredi saint en Irlande du
Nord en 1998 ou pour l’ANC et Umkhontowe Sizween 1991 lors de l’Accord de Paix
National (NPA) en Afrique du Sud. Pour le Hamas et les organisations de la
résistance palestinienne, seule leur destruction totale est prévue.
Il y a cinquante ans, l'Assemblée générale des Nations unies
reconnaissait officiellement la résistance palestinienne et condamnait le
sionisme comme une idéologie raciste. Espérons encore que lors de la 80ièmesession
de l'ONU, ces anciennes résolutions referont surface.
(Photos : des militants américains organisent chaque jour des actions de protestation en prévision du début de la réunion de l'ONU. Le mardi 23 septembre, ils appellent à inonder les rues de monde devant le siège de l'ONU).
En 1975, l'ONU déclare que le sionisme est du racisme.
Les années 1960-1970 ont été marquées par des
bouleversements révolutionnaires.En 1965, la Chine communiste est devenue le
premier pays non arabe à reconnaître l'Organisation de libération de la
Palestine.Une première conférence de la Tricontinentale, une continuation de la
Conférence de Bandung en 1955, avait lieu à Cuba en 1966, avec une importante
délégation de représentants palestiniens issus de diverses factions de l'OLP. Dans
son «Message à la Tricontinentale », Ernesto «Che» Guevara avait lancé : «Créer
deux, trois… de nombreux Vietnam, voilà le mot d’ordre» en solidarité avec la résistance Vietnamienne.
Le 30 avril 1975, celle-ci prenait le contrôle de Saigon, remportant ainsi une
victoire historique sur l'armée américaine après une guerre de près de vingt
ans. Dans le sillage de cette lutte de libération, la résistance palestinienne
est apparue pour la première fois sur la scène diplomatique mondiale en 1974. «
Avec le rameau d'olivier et le fusil à la main », Yasser Arafat s'est adressé à
l'Assemblée générale des Nations unies. L'ONU a alors voté une série de
résolutions en faveur du peuple palestinien et de sa résistance.
En 1975, il y a cinquante ans, l'Assemblée générale (AG) des Nations unies, qui comptait alors quelque cent cinquante États membres, a adopté la résolution 3379. Selon cette résolution historique, le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale. Ce jour-là, l'idéologie officielle et nationale de l'État d'Israël a été condamnée par le monde entier comme expansionniste et raciste, à l'instar d'une idéologie coloniale. Les Nations unies ont alors confirmé le droit des Palestiniens à l'autodétermination et le droit au retour des Palestiniens expulsés. Seuls Israël et 34 autres pays, dont la Belgique, la France, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont voté contre. Autrement dit, l'ensemble du monde impérialiste occidental, qui soutient ou laisse aujourd'hui se produire le génocide, s'était déjà opposé à cette résolution de 1975.
Auparavant, l'AG avait condamné l'alliance entre le racisme
sud-africain et le sionisme dans sa résolution 3151, adoptée le 14 décembre
1973. En 1974, par la résolution 3210, l'AG a décidé d'admettre l'Organisation
de libération de la Palestine en tant qu'observateur à l'ONU. Une décennie plus
tard, une nouvelle résolution de l'ONU, la résolution 37/43, votée le 3
décembre 1982, a réaffirmé « le droit inaliénable du peuple palestinien et de
tous les peuples à disposer d'eux-mêmes ». Une décennie plus tard, le 3
décembre 1982, une nouvelle résolution de l'ONU, la résolution 37/43,
réaffirmait « le droit inaliénable du peuple palestinien et de tous les peuples
soumis à la domination étrangère et coloniale à l'autodétermination ». Elle
réaffirmait également la légitimité de « la lutte des peuples pour [...] se
libérer de la domination coloniale et étrangère, ainsi que de l'occupation
étrangère, par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée ». Aucune
objection n'a été soulevée contre ce texte, qui a été adopté sans vote.
Un demi-siècle après ces résolutions de l'ONU, l’auteur
palestinien, Mohammed El-Kurd, écrit dans son dernier livre, Perfect Victims :
« Le sionisme est la principale cause de mortalité dans la Palestine occupée. »
Il ajoute avec amertume : « Même s'il s'agit d'une mort causée directement ou
indirectement par des êtres humains, cela ne préoccupe pas davantage le monde
que le nombre de maladies cardiaques aux États-Unis ou de cas de démence en
Grande-Bretagne. » Dans une interview accordée à Democracy Now au début de
cette année, il insiste sur le même thème : « Le sionisme est au centre de
tout. Il est la cause principale de toute la violence en Palestine. » (2).
Comment se fait-il qu'un auteur palestinien doive répéter mot pour mot ce qui a été condamné par les résolutions de l'ONU il y a cinquante ans? Pourquoi ces résolutions sont-elles restées lettre morte ? Quelles catastrophes se sont produites au cours du dernier demi-siècle pour que ce qui était affirmé il y a cinquante ans se soit transformé en son contraire, en « Israël a le droit de se défendre » ? Plus fort encore, élue en tant que nouvelle présidente de l’Assemblée générale de l'ONU en juin 2025, l'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, membre du parti des Verts, a déclaré : « La légitime défense ne signifie pas seulement riposter. Elle signifie détruire les terroristes. « Lorsque les terroristes du Hamas se cachent derrière des civils ou dans des écoles, ces lieux perdent leur statut de protection. » (3)
En d'autres termes : « Ne faites aucune distinction. Tuez-les
tous ! »
Il y avait sans doute la corruption interne et la lassitude
au sein du camp anti-impérialiste et anticapitaliste. Mais c'est surtout
l'effondrement du bloc socialiste (URSS et Europe de l'Est) à partir de 1989
qui a scellé la victoire totale du camp impérialiste occidental. Cet effondrement
a porté un coup presque fatal à l'idée même de résistance et de non-alignement.
Le monde est devenu unipolaire. Les programmes révolutionnaires et
anticolonialistes des partis et mouvements de libération, comme celui de
l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), ont été mis de côté. Des
pays comme Cuba ou la Corée du Nord se sont retrouvés au bord de la famine
après que l'ancien bloc socialiste leur a coupé toute aide. En janvier 1991, la
première guerre contre l'Irak a éclaté. La résistance palestinienne était presque
privée de tout refuge dans le monde arabe.
En 1991, la résolution 3379 a été retirée à la demande
d'Israël, avec le soutien de ses alliés. Israël a remporté une victoire totale
: le pays a accepté de participer à la conférence de paix de Madrid, le 30
octobre 1991, à condition que la condamnation du sionisme soit supprimée. C'est
ce qui a été fait, ouvrant ainsi la voie à ce qui allait devenir, pour les
Palestiniens, les accords de capitulation d'Oslo de 1993. Toutes les
organisations de résistance palestiniennes qui ont refusé de s'y soumettre ont été
inscrites sur les listes antiterroristes américaines et européennes. En tant que
prolongement colonial de l'Europe, Israël était l'avant-poste militaire contre
les « Axes du Mal », le « terrorisme », les pays arabes et islamiques. Au
niveau politique, économique et militaire, Israël connaissait une percée
fulgurante non seulement en Occident mais surtout dans plein de pays du Sud. En
même temps, afin de punir collectivement la population de Gaza après la
victoire électorale du Hamas en janvier 2006, Israël a déclaré Gaza « entité
hostile » et l'a transformée en prison à ciel ouvert pour terroristes. Le
ghetto de Gaza est devenu une réalité, avec, une fois de plus, le soutien de
l'Occident civilisé. À partir de ce moment, Gaza a dû survivre entre la vie et
la mort. Toujours au bord de la famine. La question palestinienne était oubliée
et enterrée pour le monde.
Après l'évasion du ghetto le 7 octobre 2023, Israël a
commencé, au nom de la lutte contre le terrorisme, le génocide délibéré et
planifié de Gaza, la solution finale du problème palestinien : l'extermination
du ghetto de Gaza, tout comme cela s'était produit avec le ghetto de Varsovie
par les nazis allemands, provoquant une souffrance indescriptible chez la
population. Aux États-Unis et en Europe,
les partisans de la résistance palestinienne, qui ne font que rappeler les
anciennes résolutions, sont aujourd'hui accusés de terrorisme et
d'antisémitisme.
Mais grâce à sa résistance et à ses indicibles souffrances,
Gaza a réveillé le monde. Le 7 octobre 2023 a remis la Palestine sur la carte
du monde. Gaza a mis à nu l'opposition irréconciliable entre colons et
colonisés. Ce que les pays du Nord, qui
prétendent détenir le monopole de la démocratie, de la liberté et des droits de
l'homme, ont refusé de faire, a été pris en main par les pays du Sud. Ils ont
ressorti le droit international et les traités contre le génocide que le Nord
impérialiste avait jetés à la poubelle. Le 29 décembre 2023, l'Afrique du Sud a
traduit Israël devant la Cour internationale de justice de La Haye.
Pour la première fois depuis sa création en 1948, Israël est
jugé pour génocide contre les Palestiniens. L'Afrique du Sud reçoit le soutien
de pays tels que la Bolivie, la Colombie, Cuba, le Nicaragua, le Brésil, le
Chili, le Mexique et le Venezuela. Auparavant, plusieurs de ces pays avaient de
bonnes relations avec Israël. La Chine a elle aussi de bonnes relations avec
Israël. Mais en juillet 2024, Pékin rassemble quatorze organisations
palestiniennes, dont le Hamas, le Fatah, le FPLP, le Jihad islamique, pour
mettre fin à la division et pour l’unité nationale palestinienne. Toutes les
délégations signent la Déclaration de Pékin.
À la Cour internationale de Justice, la délégation chinoise a
remis sur la table les résolutions et les traités de l'ONU datant d'il y a
cinquante ans.
« Les Palestiniens
ont le droit de mener une lutte armée, comme tous les peuples qui luttent pour
leur libération et leur autodétermination », a déclaré l'envoyé chinois à la
Cour internationale de justice de La Haye.
En février 2024, lors des débats sur le génocide israélien à
la Cour internationale de justice de La Haye, Ma Xinmin, du ministère chinois
des Affaires étrangères, a déclaré : « Le recours à la violence par le peuple
palestinien pour résister à l'oppression, à l'occupation et à l'agression
étrangères, et pour créer un État indépendant, est légitime. Cette violence est
la conséquence de l'occupation prolongée du territoire palestinien par Israël
et de l'oppression subie par le peuple palestinien. La résistance est un droit
inaliénable inscrit dans le droit international. Elle ne doit pas être
considérée comme du terrorisme. »
Aujourd’hui plus personne ne peut nier le génocide. Gaza brûle.
La destruction définitive de ce qui reste de la Palestine est en cours. Pour
achever leur œuvre, Israël et ses alliés occidentaux exigent la capitulation et
le désarmement de la résistance.
Dans ces circonstances, la reconnaissance de la légitimité
de la résistance palestinienne, qu'il s'agisse du Hamas, du Front populaire de
libération de la Palestine ou des autres organisations de libération, doit être
la principale préoccupation de tous ceux qui souhaitent que la Palestine
survive.
En Grande-Bretagne, depuis avril 2025, une affaire juridique
sans précédent est en cours. Le Hamas, en la personne de Mousa Abu Marzouk, le
responsable des Affaires internationales, a introduit une demande auprès du
ministère de l’Intérieur britannique pour rayer l’organisation de la liste des
organisations terroristes. Après un premier refus de la ministre socialiste
Yvette Cooper, les avocats du Hamas dans cette affaire, Fahad Ansari, Franck
Magenniss et Daniel Grütters, font appel devant la commission d’appel des
organisations interdites. Ce procès requiert toute notre attention et tout
notre soutien. Il mérite d'être suivi dans tous les pays européens.
Notes
[1] Perfect
Victims and the Politics of Appeal, Mohammed El-Kurd, Haymarket Books, 2025.
[2] L'écrivain palestinien Mohammed El-Kurd sur «
PerfectVictims », Trump et de la criminalisation de la pensée par Israël : https://www.democracynow.org/2025/2/11/mohammed_el_kurd_palestine_perfect.
[3] AnnalenaBaerbock au Bundestag le 7 octobre 2024, à
l'occasion du premier anniversaire de l'attaque du Hamas.
[4]
https://www.ohchr.org/sites/default/files/documents/hrbodies/hrcouncil/sessions-regular/session60/advance-version/a-hrc-60-crp-3.pdf
[5] https://hamascase.com/
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