Les meilleurs vœux du gouvernement pour une guerre sans fin
Depuis le
déclenchement par Bush de la guerre mondiale contre le terrorisme, la Global War on Terrorism, après les
attentats du 11 septembre 2001, la guerre ne s’est plus jamais arrêtée.
Elle a transformé
le monde en un gigantesque champ de bataille, qui a fait des centaines de
milliers de victimes, des millions de veuves, d’orphelins et de réfugiés ;
une guerre sans ligne de front, ni perspective de victoire d’un côté ou de
l’autre.
Les déclarations
officielles sur la fin de l’une ou de l’autre de ces guerres n’y ont rien
changé.
Ainsi, le
dimanche 28 décembre 2014, la Belgique se retirait de l’Afghanistan. C’était la
fin officielle d’une guerre
d’agression de treize années à laquelle la Belgique avait participé dans le
cadre de l'Isaf, la force de combat de l'OTAN. En six ans de temps, nos six
F-16s avaient fait “plus de 15.000
d’heures de vol. »
La fin réelle de la guerre ? Pas du tout. Dans
les années qui ont suivi, la Belgique a continué à assurer sa présence
militaire sur le front afghan jusqu’à aujourd’hui. Les choses ont même empiré.
En février
2017, un rapport de l’ONU affirmait qu’en 2016, le nombre de personnes tuées ou
blessées en Afghanistan était le plus élevé depuis huit ans : « Entre le 1er janvier et le 31
décembre 2016, la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA)
a recensé 11 418 victimes civiles (4 498 tués et 7 920 blessés) ». La
directrice des Droits humains au sein de la Mission, Danielle Bell, déclarait :
« 2016 était l’année record de victimes
des combats au sol, d'attaques suicides et d'explosifs abandonnés, ainsi que le
pire bilan pour les victimes des opérations aériennes depuis 2009 ».
Et ça
continue.
En avril 2017, l’armée américaine jetait sa plus puissante bombe non
nucléaire, de près de 11 tonnes (GBU-4/B3), sur un complexe de tunnels et de
grottes près de la frontière pakistanaise, tuant, selon les chiffres officiels,
« nonante terroristes ».
En août
2017, Trump annoncait « le déploiement de
jusqu’à 3900 soldats supplémentaires » en Afghanistan.
Pour les
premiers six mois de 2017, la Manua comptait « 1662 civils afghans tués ».
Passons à un
autre front, celui de l’Irak et de la Syrie. En décembre 2017, quatre F-16
belges reviennent de dix-huit mois d’opérations aériennes contre l’État
islamique. « En 1235 sorties, les avions
ont largué 675 bombes sur les cibles terroristes. Mission accomplie »,
peut-on lire dans la presse.
Le nombre de
victimes faites par les Belges en Afghanistan ou en Irak? Aucun chiffre n’est
communiqué. Ce ne sont pas nos affaires.
Tout comme
la soi-disant fin de la guerre en Afghanistan, le retour de la Syrie de nos quatre F16 ne
signifie pas la fin de l’engagement de la Belgique.
En novembre
2017, le Conseil des ministres informait le peuple qu’en 2018, pour la 17ème
année consécutive, l’armée belge participera à la Guerre Mondiale contre le
Terrorisme. L’armée belge sera engagée sur trois lignes de front : en
Afghanistan, en Irak et au Mali.
Notre
pays va même doubler sa participation. « La
Belgique double sa participation militaire en Irak. L’année prochaine, l’armée
belge restera active dans les mêmes pays, mais le nombre de militaires envoyés
en Irak augmentera sensiblement, dans le cadre de la mission d’entraînement, de
conseil et d’assistance des forces locales. Une trentaine de militaires
supplémentaires seront également dépêchés en renfort à la mission de l’Otan en
Afghanistan »[1].
Sans oublier
la participation en Lituanie de 230 militaires belges, de septembre à décembre
2018, à l’opération « Enhanced
Forward Presence »(EFP), des exercices militaires de l’Otan contre la
Russie : les « missions ponctuelles
de formation et d’entraînement », par l’armée belge, des armées de la
Tunisie, du Niger, de Mauritanie, du Burkina Faso, du Niger, du Mali et du
Bénin.
La nouvelle
déclaration de guerre de notre gouvernement n’a pas suscité d’émotion. Nous nous
sommes tellement habitués à la guerre qu’elle est devenue synonyme de lutte
pour la paix.
On ne se pose plus la question : « Pourquoi et avec quel droit sommes-nous là-bas ? ».
Y-a-t-il
d’autres arguments que ceux des Espagnols pour justifier leurs agressions
coloniales contre les Indiens en Amérique, il y a cinq cents ans ? [2]
C’est-à-dire : empêcher que les barbares nous fassent du mal et leur apporter
la démocratie et les droits de l’homme, par la force brutale. Sous le prétexte que nos guerres seront
bénéfiques à long terme, même si aujourd’hui les populations souffrent de
manière abominable des conséquences de nos agressions. Non, les arguments sont
les mêmes qu’il y a cinq cents ans.
Quant à la
barbarie aux USA mêmes, le pays qui a déclenché cette guerre en 2001, "trente
mille personnes y meurent chaque année, victimes de meurtres, de suicides ou
d'accidents par armes à feu".[3]
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