Exclusif ! Photos de Nizar Trabelsi, extradé par la Belgique en 2013, en détention aux États-Unis

 

La réponse aux attentats du  11 septembre 2001 à New York n'a pas été une réponse de justice, mais de vengeance et guerre. Ainsi, le monde occidental a créé une nouvelle catégorie de personnes. Les enemy combatants à Guantanamo et les terroristes vrais, présumés ou innocents, extradés, kidnappés, enterrés vivants dans des prisons ou des sections de sécurité maximale. En font partie, les donneurs d’alerte en prison, comme Assange, ou en exil forcé comme Snowden.

Les photos que je publie ici, me sont parvenues comme a message in a bottle, comme une bouteille jetée à la mer. Peut-être m'ont-elles été  envoyées par les autorités américaines qui me considèrent comme, je cite, "Luk Vervaet, a Belgian supporter of Nizar Trabelsi" (sic) ? Pour me montrer qu'elles ont tenu parole, que leur proie est dans leurs mains, sous leur contrôle total, et tant pis pour tous ceux et celles qui ont cru aux garanties américaines sur un traitement humain pour obtenir son extradition.


Ces photos sont celles de Nizar Trabelsi en 2021. Trabelsi a été arrêté par la police belge le 12 septembre 2001 pour avoir eu l’intention et un plan avoué pour attaquer la base militaire américaine de Kleine Broghel en Belgique. 

 

Après avoir été condamné à la peine maximale de dix ans en Belgique et après avoir purgé sa peine jusqu'au dernier jour, la justice belge, le gouvernement Di Rupo (PS) et son ministre de la Justice Stefaan De Clerck (CD&V)  ont approuvé la demande d’extradition des États-Unis. C'était le 23 novembre 2011. Le matin du 3 octobre 2013, dans le plus grand secret et sur ordre de la nouvelle ministre de la Justice Turtelboom (VLD) du gouvenement Di Rupo (PS), la police belge a transporté le détenu Nizar Trabelsi de la prison de Bruges à l’aéroport militaire de Melsbroek. Il y était remis aux agents de la CIA, qui l’installent à bord d’un avion Gulfstream de la CIA et le transportent aux États-Unis, à la Rappahannock Regional Jail à Stafford, à deux heures de route de Washington. Depuis septembre 2018 il se trouve à la prison Northern Neck Regional Jail. Toute cette opération a été faite contre l’avis de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a, par la suite, condamné la Belgique politiquement et financièrement.

Cette année ça fera huit ans que Nizar Trabelsi est en détention aux États-Unis, et son procès n’a même pas encore commencé.

Sur les photos on voit un homme, en isolement et soumis à des SAM (Mesures administratives spéciales). Trabelsi a plus que cinquante ans. Près de la moitié de sa vie, il a été incarcéré pour un attentat qui n’a jamais eu lieu. Il est en prison aussi longtemps qu'a duré  la guerre en Afghanistan. Aussi longtemps que dure la détention des 39 détenus restants à Guantanamo.

Ces deux photos d’un « djihadiste dangereux », une dans une cellule minuscule sans lumière du jour, l’autre avec les mains menottées, les pieds enchainés illustrent la même vengeance qui a caractérisée la guerre contre l’Afghanistan. La vengeance comme forme de justice sauvage et barbare, comme l’écrivait le philosophe Francis Bacon. La vengeance, qui, près de cinq siècles après Bacon, continue à être le mot clé de la conception américaine aussi bien de son système pénal à l’intérieur que de sa politique internationale. 

En Belgique, les agents de la FBI qui étaient venus l’interroger en Belgique lui avaient dit : « Si tu es extradé, tu seras chez nous, et tu ne verras plus jamais le ciel ». Depuis, tout ce qu’il peut encore faire c’est de se souvenir du ciel.

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