L'arrestation des membres du Secours Rouge
Aucun groupe révolutionnaire n’a bénéficié d’autant de publicité que les Cellules Communistes Combattantes (CCC) quand, il y a quelques années, leurs dirigeants historiques sont enfin sortis de prison. La presse s'est jetée sur ces gens, qui, après quinze ans d'enfermement, d'isolement et de refus de liberté conditionnelle, avaient gardé les mêmes conceptions révolutionnaires qu'au moment de leur arrestation.
Ces ex-prisonniers en liberté conditionnelle ont été longuement interviewés ; Pierre Carette a eu droit à un débat d'une heure à la télévision avec l'ex-premier ministre Wilfried Martens sur « la révolution et la lutte armée » ; la presse les a accompagnés dans une visite télévisée aux endroits où ils ont posé des bombes ; ils y ont expliqué avec force détails comment ils ont procédé pour faire sauter la ligne d'alimentation de l'OTAN, qu’il n'est pas difficile de commettre un attentat, etc. Si le parquet avait voulu démontrer que les ex-détenus ne respectent pas leurs conditions de mise en liberté conditionnelle, il aurait pu les arrêter à ce moment là.
Pourquoi ont-ils reçu tant d’attention des médias lors de leur libération, chose inimaginable au moment de leur diabolisation suite aux attentats ?
D'abord parce que les membres des CCC sont d'une espèce rare : tant d'années d'enfermement et de souffrance ne les ont pas brisés.
Ensuite, la police et la justice ne sont pas intervenus et n'ont pas protesté contre cette vague médiatique parce qu’ils pouvaient facilement se servir de ce matériel au moment choisi. Ce moment est arrivé aujourd'hui : par manque d'éléments concrets à leur charge, tout ce matériel médiatique est utilisé comme preuve à leur encontre.
Enfin, ils ont su les présenter comme des « dinosaures politiques », faisant partie d'un monde révolu et professant une croyance quasi religieuse dans laquelle très peu de gens risquent de se reconnaître. Si leurs propos sur la lutte armée du prolétariat pouvaient susciter une certaine sympathie il y a trente ans, ils font peur aujourd’hui à l'opinion publique. Provoquer le réveil des masses par l'action violente des groupes révolutionnaires est une voie morte. Dans tous les pays européens, tous les groupes de cette mouvance ont été démantelés et liquidés, l'un après l'autre. Quasi tous leurs membres sont soit morts, soit en prison ou devenus des « repentis ».
Les militants du Secours Rouge ou les ex-CCC ne sont pas des fous : ils ne sont plus dans les années septante-quatre-vingt, le moment n'est pas du tout à une vague d'attentats en Belgique et même s'ils en avaient l'intention, ils savent qu'ils sont sous surveillance permanente et qu’ils seraient les seuls suspects possibles dans tout attentat « anticapitaliste ». Ils mettraient dès lors en danger tout le travail de solidarité, déjà extrêmement faible, avec leurs camarades encore emprisonnés dans d'autres pays.
Dans le climat et la vague de répression actuels, les objectifs poursuivis et le moment choisi dans l'affaire du Secours Rouge sont avant tout politiques.
Les procureurs fédéraux et les tribunaux en charge des affaires « terroristes » n'arrivent pas à démontrer, ni dans l'affaire DHKP-C, ni dans l'affaire de Bilal Soughir et des volontaires pour l'Irak, que le danger terroriste est réel en Belgique. L'arrestation des ex-CCC doit prouver le contraire à l'opinion publique. Ce qui doit permettre de condamner et de punir tout autre danger potentiel.
Le plus important est l’existence en Belgique d’une véritable opposition démocratique de personnalités, de militants et d’associations à la législation antiterroriste et à la vague de criminalisation des militants qui s'abat sur nos pays. Elle s’est manifestée dans la mobilisation pour Bahar Kimyongür, dans la mobilisation récente d'un nombre d'intellectuels autour de Soughir Bilal ou encore dans la mobilisation contre la condamnation de Dyab Abou Jahjah et le procès contre l’occupation de l’Onem à Liège (il y a dix ans !). L'arrestation des militants du Secours Rouge est un avertissement à tout ce mouvement de solidarité et en particulier à celui autour des inculpés dans le procès DHKP-C, à la veille de la Cassation du 10 juin. Leur acquittement a été la plus grande défaite de la justice antiterroriste en Belgique depuis les attentats du 11 septembre.
Le principal reproche aux membres du Secours Rouge arrêtés est un travail de solidarité avec des militants italiens en prison. Le Secours Rouge est la seule organisation dont la spécificité est la mobilisation pour les détenus anciens et nouveaux de la mouvance révolutionnaire armée en Europe.
Le point essentiel est là : le seul fait d'organiser cette solidarité fait de vous un membre de l'organisation terroriste elle-même. La justice veut lancer un avertissement sérieux à tous ceux qui s’opposent aux lois antiterroristes et à la criminalisation des militants. C’est une raison suffisante pour réclamer la libération immédiate des personnes aujourd’hui arrêtées.
Ces ex-prisonniers en liberté conditionnelle ont été longuement interviewés ; Pierre Carette a eu droit à un débat d'une heure à la télévision avec l'ex-premier ministre Wilfried Martens sur « la révolution et la lutte armée » ; la presse les a accompagnés dans une visite télévisée aux endroits où ils ont posé des bombes ; ils y ont expliqué avec force détails comment ils ont procédé pour faire sauter la ligne d'alimentation de l'OTAN, qu’il n'est pas difficile de commettre un attentat, etc. Si le parquet avait voulu démontrer que les ex-détenus ne respectent pas leurs conditions de mise en liberté conditionnelle, il aurait pu les arrêter à ce moment là.
Pourquoi ont-ils reçu tant d’attention des médias lors de leur libération, chose inimaginable au moment de leur diabolisation suite aux attentats ?
D'abord parce que les membres des CCC sont d'une espèce rare : tant d'années d'enfermement et de souffrance ne les ont pas brisés.
Ensuite, la police et la justice ne sont pas intervenus et n'ont pas protesté contre cette vague médiatique parce qu’ils pouvaient facilement se servir de ce matériel au moment choisi. Ce moment est arrivé aujourd'hui : par manque d'éléments concrets à leur charge, tout ce matériel médiatique est utilisé comme preuve à leur encontre.
Enfin, ils ont su les présenter comme des « dinosaures politiques », faisant partie d'un monde révolu et professant une croyance quasi religieuse dans laquelle très peu de gens risquent de se reconnaître. Si leurs propos sur la lutte armée du prolétariat pouvaient susciter une certaine sympathie il y a trente ans, ils font peur aujourd’hui à l'opinion publique. Provoquer le réveil des masses par l'action violente des groupes révolutionnaires est une voie morte. Dans tous les pays européens, tous les groupes de cette mouvance ont été démantelés et liquidés, l'un après l'autre. Quasi tous leurs membres sont soit morts, soit en prison ou devenus des « repentis ».
Les militants du Secours Rouge ou les ex-CCC ne sont pas des fous : ils ne sont plus dans les années septante-quatre-vingt, le moment n'est pas du tout à une vague d'attentats en Belgique et même s'ils en avaient l'intention, ils savent qu'ils sont sous surveillance permanente et qu’ils seraient les seuls suspects possibles dans tout attentat « anticapitaliste ». Ils mettraient dès lors en danger tout le travail de solidarité, déjà extrêmement faible, avec leurs camarades encore emprisonnés dans d'autres pays.
Dans le climat et la vague de répression actuels, les objectifs poursuivis et le moment choisi dans l'affaire du Secours Rouge sont avant tout politiques.
Les procureurs fédéraux et les tribunaux en charge des affaires « terroristes » n'arrivent pas à démontrer, ni dans l'affaire DHKP-C, ni dans l'affaire de Bilal Soughir et des volontaires pour l'Irak, que le danger terroriste est réel en Belgique. L'arrestation des ex-CCC doit prouver le contraire à l'opinion publique. Ce qui doit permettre de condamner et de punir tout autre danger potentiel.
Le plus important est l’existence en Belgique d’une véritable opposition démocratique de personnalités, de militants et d’associations à la législation antiterroriste et à la vague de criminalisation des militants qui s'abat sur nos pays. Elle s’est manifestée dans la mobilisation pour Bahar Kimyongür, dans la mobilisation récente d'un nombre d'intellectuels autour de Soughir Bilal ou encore dans la mobilisation contre la condamnation de Dyab Abou Jahjah et le procès contre l’occupation de l’Onem à Liège (il y a dix ans !). L'arrestation des militants du Secours Rouge est un avertissement à tout ce mouvement de solidarité et en particulier à celui autour des inculpés dans le procès DHKP-C, à la veille de la Cassation du 10 juin. Leur acquittement a été la plus grande défaite de la justice antiterroriste en Belgique depuis les attentats du 11 septembre.
Le principal reproche aux membres du Secours Rouge arrêtés est un travail de solidarité avec des militants italiens en prison. Le Secours Rouge est la seule organisation dont la spécificité est la mobilisation pour les détenus anciens et nouveaux de la mouvance révolutionnaire armée en Europe.
Le point essentiel est là : le seul fait d'organiser cette solidarité fait de vous un membre de l'organisation terroriste elle-même. La justice veut lancer un avertissement sérieux à tous ceux qui s’opposent aux lois antiterroristes et à la criminalisation des militants. C’est une raison suffisante pour réclamer la libération immédiate des personnes aujourd’hui arrêtées.
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