Lettre de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) au premier ministre du Maroc sur la grève de la faim à la prison de Salé
Le bureau central de l'Association marocaine des Droits de l'homme, adresse une communication à Monsieur le Premier ministre, dans laquelle il souhaite attirer son attention sur la gravité de la situation des grévistes de la faim, qui pourrait surprendre l'opinion publique nationale et internationale. A tout moment, un accident tragique pourrait menacer le droit à la vie et le droit à l'intégrité physique ainsi que la sécurité personnelle de ces grévistes. Le bureau demande son intervention immédiate pour sauver la vie des grévistes de la faim avant qu’une catastrophe ne survienne.
Association marocaine des Droits de l'homme
Rabat: 26/10/2010
Monsieur le Premier Ministre - Premier Ministère - Rabat
Re: Demande d'intervention urgente pour sauver la vie des grévistes de la faim de la prison locale de Salé et d’ouvrir une enquête sur les circonstances de leur arrestation et leur procès.
L'Association marocaine des Droits de l'homme suit toujours les conditions de condamnation, avec une anxiété croissante pour la santé des prisonniers politiques, Abadleh Maouelainin, membre du Conseil national pour la Justice et le Développement, qui a introduit une grève de la faim illimitée depuis le 14 octobre 2010, Mohammed Marwani, secrétaire général du parti Umma, Salah Blairj, Lukman Mukhtar, Abd al-Rahim, Abu Arrakha, Radwan Alkhalidi, Abdullah El-Rammash, Abdul Samad, Ben Nouh, Jamal Albay, Mohamed Yousfi, Mustafa Thami et Abdelkader Blairj, détenus dans la prison connue sous le nom de dossier Blairj. Ces derniers ont rejoint la grève de la faim depuis le 16 octobre 2010. Ils exigent réparation après avoir perdu leurs droits à un procès équitable. L'inéquité de ce procès a déjà été soulignée par par le mouvement marocain et le mouvement international des Droits de l'homme et de la communication de leur défense. Cela a été confirmé par les détenus eux-mêmes dans leurs communications et celles de leurs familles. Les dossiers des détenus ont été composés de façon arbitraire.
Le 9 avril dernier, les prisonniers ont déjà suspendu une grève de la faim illimitée. Ils l'ont reprise en octobre après avoir constaté que les autorités ont évité d'examiner leurs dossiers sur une base juste et équitable. Ils réclament la liberté ou la mort, ayant perdu tout espoir de trouver une solution juste à leur cause.
Nous souhaitons attirer votre attention sur la gravité de la situation des grévistes, qui peut, à tout moment, surprendre l'opinion publique nationale et internationale. Nous sommes à deux doigts d’une tragédie car il s'agit du droit à la vie et à l'intégrité physique et à la sécurité personnelle des grévistes.
Vu cette situation très préoccupante, nous vous demandons :
- Une intervention d'urgence à la Commissaire générale des prisons de votre ministère pour sauver la vie des grévistes de la faim avant tout malheur, par respect pour le droit à la vie inscrit dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le Maroc ;
- La mise en oeuvre de tout votre pouvoir pour remédier à une enquête urgente sur les circonstances de leurs dossiers et inviter les représentants du Ministère de la Justice d'accélérer ce processus ;
- l'ouverture d'une enquête sur les conditions et les circonstances qui ont accompagné leur arrestation et les causes qui ont amené à gonfler leur dossier de distorsions et de violations graves des conditions d'un procès équitable, la protection de leurs droits consacrés dans les chartes internationales relatives aux droits de l'homme, comme dans la loi marocaine; le respect par les autorités des critères de droit, tout en observant l'ordre des sanctions exigées dans cet affaire.
- une prise de position sur les excès connus de ce dossier depuis le début et même sur la décision injuste dans cet affaire, qui a été condamnée par toutes les forces des Droits de l'homme au Maroc et à l'étranger qui ont estimé que ce procès était inéquitable, a violé les droits des observateurs et des droits de la défense. La décision du tribunal a répondu à la magistrature où la condamnation antérieure du chef par les ministres de l'Intérieur et de la Communication se trouvaient en violation flagrante de la présomption d'innocence.
Dans l’attente d'obtenir rapidement des résultats dans ces démarches et d'une réponse positive à nos demandes, nous vous prions d'accepter, Monsieur le Ministre, l'expression de nos sentiments sincères.
Pour le Bureau central,
Khadija Riyadi, Président
Commentaires