Compte rendu du Ciné- Débat avec Luk Vervaet - 10 janvier 2014 à Haren
Avec
la présentation du documentaire "Prisons des Villes, Prisons
des Champs"
Le
film présenté est suivi d'un échange entre les habitants, des
travailleurs de l'association Inter Environnement Bruxelles et Luk
Vervaet qui a accepté de faire part de ses expériences et de donner
son avis sur le système carcéral actuel qu'il connaît bien.
Le
présent compte rendu a été réalisé par Elisabeth et Fabienne
(habitantes de Haren) nous les en remercions.
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Présentation
du film par Inter Environnement Bruxelles (fédération
de comité d'habitants).
Ce
film de 20 minutes produit par les Ateliers Urbains et réalisé en
collaboration avec IEB, des habitants de Haren et de Saint-Gilles,
constitue un bon point de départ pour une discussion sur le sens à
construire une nouvelle prison pour répondre au problème de la
surpopulation carcérale. Donnant tout à la fois la parole à une
habitante voisine de la prison de Saint Gilles et à un habitant de
Haren, mais aussi à des personnes travaillant en milieu carcéral,
le film pose de vraies questions sur les liens entre la prison et son
extérieur, sur la capacité du système carcéral à réinsérer ou
encore sur les priorités des investissements à poser en contexte de
crise économique.
Présentation
du comité de Haren et du projet de prison par Laurent Moulin,
membre du comité de Haren.
Au
départ beaucoup de gens pensaient que ce projet serait une prison de
petite taille, pour plus ou moins 300-400 détenus. Les habitants
étaient convaincus que cela se construirait sur le site des
anciennes usines Wanson. Aujourd'hui nous constatons que ce projet va
être énorme, prévu pour 1200 prisonniers et qu'il va anéantir
tout un espace vert.
Le
comité travaille beaucoup sur cette thématique, en collaboration
avec IEB, et tente de réaliser des activités pour sensilbiliser les
habitants.
Projection
du documentaire (20mn)
La
parole est à Stéphanie.
Habitante
et membre du comité de Haren, elle a participé à la réalisation
du film et explique de quelle manière elle s'est impliquée dans le
projet, comment la rencontre avec des personnes du secteur carcéral
ont fait évoluer sa réflexion. Elle propose aujourd'hui de
réfléchir au rôle de la prison, de changer notre façon voir ce
sujet. En Belgique, on punit très sévèrement. Il y a peu de
réinsertion après la prison.
La
parole est à Luk Vervaet
Enseignant
dans les prisons et écrivain, il fait partie d'une association de
familles et d'amis de prisonniers. Il soutient des projets qui, comme
ce film, amènent à voir le monde carcéral différemment de ce que
nous proposent habituellement les médias. C'est un sujet délicat,
car la criminalité est souvent présentée dans les médias comme
une menace permanente et les réactions sont extrêmement dures. Il
souhaite approfondir la question de manière humaine, alors que les
médias dénoncent essentiellement la violence du monde carcéral.
Luk
souligne les paroles des personnes interviewées dans le film :
- Michèle, habitante de Saint-Gilles : en parlant des prisonniers elle dit «on est un peu voisins». Elle ressent de la sympathie et remarque l'humiliation des familles qui attendent longtemps dans la rue de pouvoir faire des visites.
- Laurent , habitant de Haren, s'exprime à propos de la mégalomanie, de l'enclavement de Haren qu'on est en train de démolir. On prévoit de construire la plus grande prison de Belgique, alors qu'il y a déjà les infrastructures de l'OTAN, d'Infrabel, le survol des avion des projets qui n'apportent rien au quotidien des habitants.
- La directrice de la prison d'Ittre : dans tous les livres sur le sujet on explique qu'il ne faut pas construire de prison de plus de 100 à 300 détenus, sinon les prisons deviennent des "usines de stockage" manquant d'humanité.
D'après
Luk, le film est un outil extrêmement utile et bien fait, pour
alimenter la réflexion sur la prison.
Débat
Questions,
propositions, réactions des spectateurs présents
Question
:
Le
film va-t-il être présenté à des politiques?
Réponse
:
Ce
film est le travail et la réalisation d' habitants de Haren. Cela
leur appartient, ils peuvent donc décider de ce qu'ils en font,
c'est leur liberté d'organiser des réunions publiques et de
projeter ce document.
Proposition
De
présenter le film aux politiques que ceux - ci entendent ce que les
gens pensent et ont à dire. Les politiques savent tout cela mais ne
veulent pas l'entendre.
Question
:
Les
propos des intervenants dans le film sont une évidence, comment les
politiques peuvent-ils se croire plus malins que les spécialistes et
prendre de telles décisions notamment sur la taille de la prison et
ne pas prendre en considération les avis de personnes averties ?
Un
monsieur témoigne :
Il
a visité des prisonniers pendant environ 10 ans, à Londres puis à
Nivelles. Son jugement a beaucoup changé. Avant, comme beaucoup de
monde il pensait que les prisonniers méritaient leur sort, et qu'il
faut les coincer. Après ses visites, il a changé d'avis. La prison
de St Gilles est absolument inhumaine. Jusqu'à l'an passé il y
avait des cellules de 3 personnes avec un seau utilisé comme WC. Il
faut rénover les prisons. D'après lui, une prison de 1200 détenus
n'a pas de sens. Cela devient une usine totalement ingérable. On
voit à quoi cela mène. Ce n'est pas raisonnable. Il faut se limiter
à des prisons plus petites, avec au maximum 200 ou 300 prisonniers
pour que cela reste relativement humain. Guy Gilbert a dit «des
jeunes y entrent, des fauves en sortent».
Intervention
de Luk
Vervaet :
Depuis
10 ou 20 ans, des activistes tirent la sonnette d'alarme et tapent
sur la table pour dénoncer la situation surtout concernant la
surpopulation, les conditions de détention inhumaines, les
conditions de travail impossibles. Mais ils ne sont pas écoutés.
Tout le monde a vu à la TV des images choquantes de la prison de
Forest, vétuste et surpeuplée. Ce n'est pas loin d'ici ni dans un
pays en voie de développement. Mais rien ne change, on est confronté
à un mur de gens qui n'écoutent pas. Il est donc IMPORTANT que des
petits groupes, comme ce soir, se créent pour se faire entendre. Ce
sont des rencontres comme celle de ce soir qui valent la peine. Il
n'y a pas assez de pression venant 'd'en bas', de l'opinion publique,
pour dire qu'il faut changer, que l'on n'accepte plus cette
situation. Il faut continuer avec ce genre d'action, c'est la seule
voie pour se faire entendre.
Luk
a beaucoup travaillé avec des familles de détenus. En Belgique,
15000 enfants ont un parent en prison. Ce n'est pas seulement dur
matériellement mais aussi psychiquement. Des personnes qui n'ont
rien à voir avec la prison sont confrontés à cette politique
carcérale. La prison, c'est
« l'université du crime ». On y entre comme un
petit voleur et on en sort comme un gros braqueur, qui sait trouver
les moyens pour braquer un fourgon, qui connait les adresses pour
trouver un bazooka.
Il
faut que l'opinion publique réagisse et pousse le politique dans un
autre sens. Il est important d'être
présent à la réunion d'information présentée par la Régie des
bâtiments (le jeudi
30 janvier à 19h à l'école Harenheyde, rue de Verdun 381 à
Haren). Il
faudrait qu'il y ait un débat contradictoire avec les 'pour' et les
'contre' exposés, mais les politiques ne sont pas prêts à le
faire. On sait déjà que les représentants de la régie diront
qu'ils n'y peuvent rien, qu'ils ne sont que des exécutants, qu'ils
ne sont là que pour construire et non pour prendre des décisions.
Question
:
Au
plus la structure carcérale est grande, au plus elle a besoin de
dispositifs sécuritaires: surveillance, sas, portes,
policiers, uniformes de superflic (comme dans les films). Une prison
entraine tout l'environnement dans le monde qui est le sien.
Qu'est-ce que cela signifie pour un village comme Haren?
Réponse
de Luk Vervaet :
Ils
s'en fichent royalement. De l'extérieur, on n'a rien à dire.
Michèle G. dit dans le film qu'elle a téléphoné à la prison pour
demander de diminuer le son des hauts-parleurs qui font toute la
journée l'appel des prisonniers par leur numéro, lorsque ses
enfants étaient en examen, en vain : pas une seule fois le son n'a
été baissé. Une fois que la prison est là, c'est elle qui définit
les règles et les lois de la société ne valent plus rien. Pas de
place pour les questions, pour les remarques, on suit, on obéit aux
ordres, on travaille de manière militaire. La prison est un monde à
part, hiérarchisé, qui ne s'intègre pas. La structure de sécurité
à prévoir pour Haren sera énorme.
Luk
est absolument contre la construction d'une nouvelle prison à
Bruxelles et il peut défendre cette opinion dans un débat. Les
problèmes liés à la petite criminalité ne trouveront pas de
solution par l'incarcération mais en menant une politique plus
sociale.
Bruxelles
a besoin :
- de bonnes écoles
- d'emplois décents
- de diminution du chômage
- de logements décents, surtout dans les quartiers populaires
- d'avenir pour les jeunes
- d'hôpitaux proches des gens, entre autre pour soigner les drogués
Lors
d'un dialogue à ce sujet avec le ministre Stéfan
Declercq, celui-ci lui a répondu que lui ne s'occupe que du monde
carcéral, que ce sont ses collègues qui s'occupent du reste:
logements, emplois, avenir des jeunes ...
Cette
vision n'est pas réaliste. Luk fait la comparaison
avec un robinet qui fuit sous lequel on
place un verre, quand il est plein on le remplace par un bol, puis
une casserole, une bassine, une baignoire. C'est
sans fin et cela ne résoud rien au problème.
Il faut voir ce qui ne va pas et réfléchir pour trouver des
solutions réelles, pour vivre en sécurité et en paix, pour pouvoir
se promener sans risque d'être agressé ou volé. Il faut un tout
autre mécanisme et un raisonnement différent sur le monde carcéral.
Humaniser les prisons, améliorer le sort des détenus, prévoir la
réinsertion et ne pas juste enfermer, le plus longtemps possible,
pour punir.
Les
nouvelles prisons sont présentées comme la solution miracle à tous
les problèmes. On annonce qu'il
n'y aura plus de seau dans les cellules comme wc, voilà les seuls
investissements faits pour humaniser le monde carcéral. On annonce
qu'il y aura plus d'espace par détenu, que tout sera fait pour
améliorer leur sort.
Mais
la réalité est différente il faut le dire clairement, avant tout,
l'objectif
actuel est d'élargir la capacité carcérale en Belgique. Luk
pense exactement le contraire. En Belgique on en est déjà à un
point jamais atteint depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Il
n'y a jamais eu autant de prisonniers en Belgique : 12 126 (chiffres
de janvier 2013). En 30 ans il y a eu une augmentation de 60 à 80%
alors que dans d'autres pays, le nombre de prisonniers diminue et que
les prisons fement. Il y a quelques décennies, il y avait environ 5
000 prisonniers et aussi beaucoup moins de chômeurs (aujourd'hui:
de 770 000 à 1 million).
Il y a un lien entre l'augmentation du nombre de chômeurs et
l'augmentaion de la délinquance.
Luk
propose de renouveler les prisons
vétustes, ce qui est tout à fait possible. Par exemple à
Saint-Gilles, l'aile B a été rénovée et est en parfait état.
Elle comprend aussi un centre médical. Qu'est-ce qui empêche de
faire de même avec d'autre ailes ? Il faut utiliser son imagination
pour trouver des solutions, comme choisir de faire des travaux de
rénovation. Pour le moment une solution trouvée est d'envoyer 650
détenus à Tilburg, d'autres à Namur...
On
abandonne les prisons vétustes et ... on démolit ? Non, on va les
rénover et leur donner d'autres fonctions : de
grands projets immobiliers. Il faut oser exposer clairement cet autre
objectif des politiques : sortir les prisons des villes et récupérer
du foncier. L'argument de vétusté est un argument
démagogique.
Des
intérêts financiers énormes sont en jeu ! Pour la prison de
Haren, c'est un partenariat public
privé (PPP). De très nombreuses firmes privées se pressent
pour obtenir des contrats. Ce type de montage est désigné sous le
terme DFBM pour : Design,
Finance, Build, Manage (conception, financement,
construction, maintenance) et c'est le privé qui fait tout cela.
C'est la première fois (à Bruxelles ?) que ce type de projet est
réalisé par le privé. Concrêtement l'état est locataire du bien
pendant 25 ans, pour des sommes astronomiques, puis il en devient
propriétaire quand le bâtiment a déjà 25 ans d'usage.....
Pour
la méga prison de Haren, l'achat du terrain a
coûté 65 millions d'euros. Les frais de construction, de
personnel et d'entretien de la prison ne sont pas encore connus. Six
grands groupes candidats (ou consortium) se pressent pour obtenir
ces contrats car il y a des immenses intérêts financiers pour eux
(dont : Dexia, BAM, CAFASSO,
SPC, SPV, Sodexho, la liste n'est pas complète....). Ne dites
pas qu'ils n'ont que les aspects humains à l'esprit. L'état
s'engage pendant 25 ans, il ne peut pas faire marche arrière : les
prisons doivent être remplies, elles deviennent alors "rentables
" financièrement pour un certains nombres d'investisseurs !!!
Ces partenariats public-privé (PPP) sont un phénomène nouveau qui
vient des Etats-unis.
Questions
:
Combien
ces PPP vont-ils coûter aux contribuables?
Réponse
:
La
construction d'une cellule vaut 150 000 €. On estime le coût total
du master plan de plusieurs prisons à 1 milliard d'euro. Le chiffre
estimé pour Haren est supérieur à 300 000 €. Dans un PPP, la
collectivité ne met pas d'argent au départ dans la construction du
bâtiment mais paye un loyer pendant 25 ans. Avant, seule la
construction était confiée au privé, à présent c'est aussi le
management. La surveillance est toujours assurée par des
fonctionnaires. Tout le reste (nettoyage, rénovation, blanchisserie)
est à charge du privé. Le privé gagne beaucoup d'argent, récupère
ses investissements et fait du profit. Il a l'obligation de bien
gérer les lieux, mais pour gagner plus d'argent, il n'entretient pas
correctement les bâtiments. Après 25 ans, il rend les bâtiments
dans des conditions déplorables. L'état reçoit alors un bien en
mauvais état, qui nécessite de nouveaux investissements. En France
ce système se répand beaucoup et concerne à présent toutes les
prisons, mais aussi des écoles, des hôpitaux,... On voit à présent
les résultats catastrophiques: le surcoût va jusqu'à dépasser les
100%.
Luk
explique qu'il préfère aller dans les prisons de St Gilles et de
Forest que dans des nouvelles prisons où tout est aseptisé. On n'y
voit personne, toutes les commandes sont faites à partir de bureaux.
C'est horrible. Les gens deviennent fous. D'accord il n'y a pas de
cafards ni de rats, mais il n'y a pas non plus d'humanité. Les
contacts humains sont complètement cassés, surtout dans les grands
établissements. Pour maintenir un minimum d'humanité il ne faut pas
que les prisons accueillent plus de 300 détenus. Il n'y a pas la
même surpopulation dans les
nouvelles grandes prisons modernes mais elles sont déshumanisées.
Les prisonniers sont seuls, ce qui entraîne des problèmes et
des suicides. En France (en
2013) il y a eu 21 suicides dans les nouvelles prisons. Dans
la (nouvelle) prison de
Lantin en 2013 il y en a eu 7. Face à cela, les discussions comme
celle d'aujourd'hui sont importantes : ensemble on est plus forts.
A
propos de la politique carcérale en Belgique.
Selon
les chiffres de l'ICPS (centre international d'etude des prisons) qui
a publié son 10e rapport sur la population carcérale mondiale dans
le monde entier, il y a autant de personnes enfermées dans le monde
que d'habitants en Belgique : de 10 à 11 millions de personnes.
Le
plus grand nombre se trouve aux Etats-Unis qui bat tous les records,
puis la Chine et la Russie.
Taux
moyen d'incarcération :
- Aux Etats-Unis : 716 / sur 100 000 habitants:
- En Europe de l'ouest : 98 /sur 100 000 habitants: .
- En Belgique en janvier 2013 : 108 (12 126 détenus pour 11 190 000 habitants)
Le
taux d'incarcération en Belgique est donc plus élevé par rapport à
des pays comme la France, les Pays-Bas, l' Allemagne, la Suisse, l'
Italie, le Danemark, l' Irlande, la Finlande, la Norvège, la Suède.
Le Royaume Uni étant le pays le plus répressif en Europe de
l'Ouest. Le
taux d'incarcération n'a rien à voir avec le taux de criminalité.
Ce n'est pas parce qu'il y a un taux d'incarcération plus faible en
France ou aux Pays-Bas qu'il y a là-bas moins de criminalité qu'en
Belgique. C'est une question de décision et de choix politique. En
Belgique, c'est notre culture qui nous fait associer délinquance et
prison, et exiger la détention pour un nombre maximum d'années.
Selon
notre culture, on doit mettre tous les délinquants en prison et on
doit donner un maximum d'années d'incarcération. Nous pensons que
la prison équivaut à la justice. On pense que si quelqu'un n'est
pas arrêté et mis en prison, ce n'est pas bon. Mais d'autres
cultures pensent différemment. On peut trouver d'autres moyens,
d'autres solutions.
Pourquoi
nos prisons sont-elles surpeuplées ? Le nombre de détenus en
détention préventive (donc "présumé coupable" et en
attente de jugement) représente 40 à 50 % des prisonniers. La
durée de détention préventive a été allongée. Depuis les
années 80 et 90, on a un allongement sensible des peines supérieures
à 5 ans (ce qui n'est déjà pas rien) car la liberté
conditionnelle est automatique pour les peines inférieures à 5 ans.
Pour obtenir une liberté conditionnelle pour les peines supérieures
à 5 ans, il faut la décision d'un tribunal d'application des
peines. Les juges veulent diminuer le nombre de libérations
conditionnelles, donc les peines sont allongées. Le nombre de
prisonniers qui purgent leur peine jusqu'au dernier jour augmente. La
loi Lejeune est une bonne loi car elle donne des perspectives pour
changer les choses, mais son application est rendue plus difficile.
Ce n'est pas bon car ces prisonniers sortent sans illusion, sans
préparation, ils ont encore plus de difficultés à trouver un
travail et à se réinsérer, ce qui fait que le risque de récidive
augmente.
On
enferme la misère humaine. On constate un plus grand
pourcentage de personnes analphabétes en prison qu'en dehors. Il en
va de même pour les problèmes de santé :
- 54 X plus de drogués à l'héroïne
- 7 X plus d'alcool ou autres drogues
- 6X plus de suicides
- 5 X plus de psychoses
- 7 X plus d'hépatites C
- 5 X plus de SIDA
- 16 X plus de tuberculose
Il
y a 1100 personnes qui ont un sérieux problème psychique et qui
n'ont pas leur place en prison: ces personnes ont besoin de soins
adaptés dans des institutions telles que des centres psychiatriques.
Entre
300 et 400 personnes sont internées chaque année dans notre pays.
Ce chiffre varie peu mais ce qui change est qu'on les met en prison
car on ne dispose pas d'infrastructures suffisantes pour les
accueillir (ex : les drogués, les pédophiles). En prison vous ne
recevez pas de soin, la prison ne sert pas à ça. La seule chose qui
intéresse la prison c'est la sécurité.
On
a besoin de plus de soins dans cette société ! La
prison, c'est le signe d'un glissement d'une société de soins et
d'aide vers une société qui utilise la seule chose qui reste :
frapper, réprimer, enfermer.
Voilà
ce qu'on doit demander à nos politiciens : avez-vous des solutions
pour remédier à la misère du monde ? La
prison est la solution de facilité, qui est très populaire pour se
faire élire ! Elle donne l'impression qu'on va prendre les choses en
main. Il faut percer ce 'ballon', qui fait que la seule chose
concrète proposée c'est la construction de prisons. Pour le reste
on attend toujours. On a besoin d'une politique d'aide sociale qui
construit des écoles, des hôpitaux de proximité, des logements,
qui pense à l'avenir des jeunes et à leurs emplois. On veut une
société de soin et d'aide, de plus en plus sociale. On n'a pas
besoin d'une politique qui construit des prisons.
Le
réseau social permet de répondre à la petite délinquance. Il
faut recréer des liens entre nous.
Par exemple, on voit des jeunes
enfants dans la rue qui ne sont pas corrects, il faut aller les voir,
leur parler, leur dire 'je connais tes parents, je vais aller leur
dire'...La société est décomposée, chacun le voit dans sa vie. Il
n'y a que la peur. Il est urgent de recréer des liens profonds, que
les gens s'entraident, se protègent. Dans une telle société on
peut intégrer les personnes qui ne se comportent pas bien.
Question
:
On
entend souvent que tout est décidé, que peut-on faire face à cette
situation ?
Réponse
:
Il
faut profiter de ce film. Egalement assister nombreux à la réunion
de la Régie des bâtiments du 30 janvier, écouter ce qui se dit
puis voir si les décideurs sont prêts à débattre, exiger de faire
entendre ce que nous avons à dire.
Proposition
:
Réaliser
une pétition nationale sur internet (du type Avaaz) car la prison en
général et cette méga prison à Haren ne concernent pas que les
harenois, c'est l'affaire de tous. Impliquer tous les citoyens
belges, qui sont les 'cochons payeurs' d'une société dont on ne
veut peut-être pas.
Intervention
d 'IEB :
Trop
de harenois sont convaincus que les dés sont jetés, que les travaux
ont déjà commencé, qu'il est trop tard. CE N' EST PAS VRAI ! Les
demandes de permis ne sont pas déposées. Il y aura 2 enquêtes
publiques en 2014 (le 31 janvier sera l'occasion de poser des
questions à ce sujet). Ces enquêtes publiques sont des moments
importants. L'une concernera le cahier des charges de l'étude
d'incidences (elle ne dure que 2 semaines, la demande de prolongation
à un mois ayant été refusée). L'autre concerne le permis
d'urbanisme (qui dure un mois). La présence des habitants est
indispensable si vous voulez comprendre le projet et faire entendre
vos revendications C'est le moment pour réagir collectivement ou
individuellement, oralement ou par écrit, assister à la réunion de
la commission de concertation avec le plus grand nombre d'habitants
possible. On ne supprimera peut-être pas le projet
mais vous pouvez demander qu'il soit revu à la baisse et
demander également des compensations
Réactions
:
- Faire une pétition, d'accord mais pour faire changer les mentalités, ce n'est pas simple : trop de gens ne signeront pas cette pétition en pensant que les prisonniers méritent leur sort et n'ont qu'à crever. Il faut faire entendre aux autorités qu'une prison de 1200 places n'est pas humain.
- On va nous répondre que cette prison est composée de sections de plus petite capacité.
- Avec le personnel il faut compter 2000 personnes.
Intervention
d'IEB :
Il
y a beaucoup d'incertitudes dans ce dossier. Tout n'est pas ficelé.
Charles Picqué a annoncé qu'il ne sait pas si on va démolir la
prison de Saint-Gilles, on va peut-être la maintenir en tant que
maison d'arrêt. Cela montre des incertitudes. L'argumentaire de Luk
permet de révéler les véritables objectifs, qui sont doubles : un
objectif financier en faveur du privé (pas de l'état ni des
citoyens) et une fuite en avant où l'on croit qu'on résout toute la
misère en construisant des prisons.
Les
habitants de Haren doivent faire entendre que leur refus n'est pas un
problème NIMBY ('not in my garden': pas dans mon jardin, on n'en
veut pas parce que c'est chez nous) mais bien qu'ils sont conscients
que la prison n'est pas une solution. Les politiques ont tendance à
penser que les citoyens sont favorables à la prison (tant qu'elle
n'est pas proche de chez eux). Mais les citoyens veulent une autre
forme de prison, et plus de social :des écoles, des hôpitaux ....
Question
:
De
gros intérêts financiers sont en jeu, à qui profiteront-ils ? Qui
sont les dirigeants qui vont s'en mettre plein les poches car ils
font partie des conseils d'administrations des consortium qui vont
obtenir ces contrats énormes (par exemple Dexia).
On
devrait pouvoir connaître la composition de ces CA pour dire aux
politiques : Vous ne voulez pas nous entendre ? On sait pourquoi et
on vous le prouve. Comment avoir accès à ces informations ?
Réponse
:
Il
faut faire des recherches, que des personnes s'y mettent et creusent,
cela en vaut la peine.
Luk
:
L'argument
des politiques est qu'il faut une nouvelle prison pour remplacer les
prisons vétustes, qu'il faut humaniser le monde carcéral. Pourtant
on parle de maintenir la prison de Saint-Gilles en plus de la future
prison de Haren. Il faut bien examiner leurs argumentaires.
Proposition
:
L'
intérêt financier est une question compliquée qui doit être bien
préparée. Si la prison de St Gilles est vidée, les terrains seront
libérés pour des projets immobiliers. Il faut demander un plan
financier global. Quels intérêts publics, quels marchés publics.
Il faut placer le questionnement au bon niveau. C'est aussi selon la
taille de la prison : pour une prison au niveau national, le
bourgmestre ne répondra pas aux questions. Il manque l'interlocuteur
principal : Mme Turtelboom.
Intervention
d' IEB :
Les
habitants de Haren se sentent délaissés par la commune. Il y a un
manque d'information, de concertation et de participation. Lors d'une
interpellation au conseil communal, les demandes des habitants ont
été balayées d'un revers de main. Les séances d'information qui
ont lieu présentent un projet magnifique. Mais elles arrivent bien
tard et la question de la concertation avec les habitants manque
toujours au programme. La majorité des 4000 habitants pensent que
tout est déjà décidé, qu'il est trop tard.
Luk
:
A
Tongres, après sa fermeture, la plus vieille prison de Belgique a
été transformée en musée. Il y a eu une pétition et un appel de
400 universitaires pour défendre cette prison-musée, un remarquable
outil pédagogique visité par plus de 100 000 personnes.
Luk
espère que ce film sera disponible sur DVD et diffusé au maximum.
Il y a aussi ces magnifiques affiches réalisées par des habitants
et par les Ateliers Urbains. Il faut les exploiter, les encadrer, les
afficher aux fenêtres pour informer les voisins...
Réaction
:
La
presse peut nous soutenir, pour que l'on se fasse entendre plus
largement. C'est aussi la question des conditions de travail des
gardiens, des enseignants et éducateurs... bref un problème de
société. Bientôt ce sont les élections, c'est le moment d'agir.
On enferme des lionceaux pendant 5 ou 10 ans et on en fait des bêtes
féroces.
Pour
conclure
IEB
invite à participer au colloque sur les prisons et aux ateliers de
réflexion qui auront lieu le 15 mars 2014 à l'ULB, organisé par
Inter Environnement Bruxelles, la Ligue des Droits de l'Homme, l'
Université Libre de Bruxelles, le Centre d'Action Laïque et l'
Observatoire International des Prisons.
A
propos des procédures pour les enquêtes publiques: il y aura des
affiches tout autour du terrain.
Consultez
les sites :
Comité
de Haren
www.1130haren.be
Haren
tv : www.haren.tv
IEB
: www.ieb.be
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