Boutcha, Borodyanka, Gaza, My Lai, Fallujah ,Sabra et Chatilla, Belgrade, Bounti… : le vrai visage de la guerre
photo La Dépêche France
Horrible, terrifiant, crimes de guerre, ce sont les mots qui reviennent
le plus souvent dans les médias lorsqu’il s’agit des massacres commis à Boutcha
en Ukraine. Accompagnés des images journalières des destructions, les
témoignages et les visages en direct de la souffrance des simples gens
innocents, hommes, femmes et enfants.
Cette vague médiatique de compassion, on ne l’a jamais vue quand il s’agit des guerres d’agression occidentales. Elle a exacerbé dramatiquement la confrontation entre l‘Occident et la Russie.
La guerre en Ukraine semble faire découvrir aux politiciens et aux médias
occidentaux ce qu’est une guerre. Non seulement des milliers de jeunes soldats
qui meurent au front. Mais la destruction des hôpitaux, des écoles, des
habitations ; les massacres, enfants compris ; les meurtres commis « par
erreur » ; les vengeances sanglantes des uns pour venger la mort des
autres ; les exécutions sommaires ; les viols comme arme de guerre. C’est
ça, le caractère de toute guerre injuste. Comme celle en Ukraine aujourd’hui. Comme
celles que nous (les Etats-Unis, l’Otan et ses pays alliés) mènent ou avons mené
tout récemment en Irak, en Afghanistan, en Libye, au Yémen. Ou celle que l’Etat
d’Israël mène depuis plus de 70 ans contre le peuple palestinien. Ou cette
guerre invisible que nous menons en Méditerranée contre les personnes qui
essaient d’échapper en bateau à la misère et aux guerres, ce qui a déjà coûté
la vie à 4.404 d’entre elles, rien qu’en 2021. Dans toutes ces guerres-là, les
victimes n’ont pas de visage. Tout au plus un numéro, si on arrive à compter
les morts. Là, les mots horrible et terrifiant et les témoignages
de l’horreur sont rares. Souvent le nom de la ville ou village n’est même pas
mentionné. Comme pour les 30 civils assassinés par l’OTAN dans « l’ouest
de l’Afghanistan » en 2019.massacres en Afghanistan
Et puis, quand les victimes réclament justice, nous changeons les lois
pour la rendre impossible. C’est ce qui s’est passé en Belgique en 2003. Le 14
mai de cette année, dix-neuf Irakiens déposaient une plainte devant le parquet
fédéral à Bruxelles pour crimes de guerre commis par les troupes américaines
lors de l`invasion de Bagdad. Ils se basaient sur la loi belge de compétence
universelle entrée en vigueur en 1993. Celle-ci permettait aux tribunaux belges
de juger les auteurs présumés de crimes de droit international humanitaire,
quels que soient l’endroit où ces crimes ont été commis, la nationalité des
auteurs présumés ou celle des victimes.
Cette loi avait été votée à l’unanimité par le parlement belge, dans l’euphorie
de la « liberté » d’un monde débarrassé du système communiste.
La plainte visait le général américain Tommy Franks, commandant de la
coalition américano-britannique en Irak, «
responsable de la manière dont ses hommes ont agi » et un responsable des marines, Brian McCoy,
« qui a désigné les ambulances comme des cibles légitimes, car susceptibles
de cacher des hommes en armes ». Plainte inacceptable pour les
États-Unis qui ont menacé la Belgique de sanctions. La capitulation belge a été
immédiate : une nouvelle loi, du 23 avril 2003, a été votée, qui réduisait
drastiquement la compétence universelle. Elle autorise le gouvernement à renvoyer une affaire
instruite contre un responsable étranger à la justice de son pays ou vers la Cour
pénale internationale (CPI). Un mois à peine après ce vote, le 20 mai, la
Belgique renvoie la plainte contre le général Franks aux autorités américaines.
Le procureur fédéral belge annonce qu’il n’a plus à se prononcer sur la
recevabilité de la plainte en Belgique, vu qu’elle a été renvoyée aux
États-Unis. Et là, sans surprise, la justice américaine refuse d’y donner suite. Voilà comment on traite les
crimes de guerre quand ils sont commis au nom de nos valeurs.
Font partie de la guerre, la guerre économique, la guerre financière,
la propagande de guerre.
Bien sûr, une analyse « neutre et objective » de ce qui s’est
passé au cours de cette guerre en Ukraine viendra. L’armée russe sera désignée
comme coupable. Mais, sans même attendre
cet examen, est-il possible d’imaginer que les troupes russes ont commis des
massacres à Boutcha ou Borodyanka? La
réponse est oui. Surtout quand on sait
ce qui s’est passé à Grozny ou à Alep. Quand on sait que des troupes tchétchènes
de Kadyrov se battent du côté russe contre des bataillons anti-Kadyrov et antirusses
du côté ukrainien. Quand on sait que des mercenaires sont présents, que ce
soient ceux de Wagner ou les Faucons.
Du côté ukrainien, les milices de l’extrême-droite Azov ont-elles
commis des actes de torture contre les soldats russes et prennent-elles une
partie de la population en otage ? Du côté ukrainien, les dirigeants ne
font-ils pas tout pour aggraver la situation, par des mises en scène et des
accusations non fondées pour provoquer la livraison de plus d’armes et prolonger
la guerre ? N’y-a-t-il pas là aussi des mercenaires de l’extrême-droite qui
participent à cette guerre ? À toutes ces questions la réponse ne peut
être qu’affirmative.
Le message qui s’oppose à la guerre est aujourd’hui devenu
presqu’inaudible. Le message dominant de la part des « horrifiés par la
guerre » n’est pas un plaidoyer pour la paix, pour l’arrêt des combats,
pour un cessez -le-feu immédiat, pour dire aux deux parties que dans cette
guerre il n’y aura pas de gagnants mais seulement des perdants. Le message
envoyé est un appel aux armes (l’Allemagne a pour la première fois depuis la
seconde guerre mondiale débloqué 100 milliards d’euros pour du matériel
militaire, du matériel américain ça ne fait pas de
doute). Pour la livraison de plus d’armes, pour plus de sanctions, ce qui
provoquera inévitablement plus de morts, plus de réfugiés, plus de problèmes de
santé, des faillites en chaine d’usines aussi bien en Russie qu’en Europe,
jusqu’à la famine dans une grande partie des pays du Sud.
Dans nos pays, la voix de Poutine a déjà été réduite au silence.
Pourquoi relaie-t-on à la seconde chaque mot de Zelensky qui plaide
objectivement pour une guerre mondiale devant les parlements du monde
entier ? La dernière fois, face au
parlement grec, en compagnie d’un
combattant d’Azov.
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