La double peine au procès des attentats de Bruxelles
photo BENOIT DOPPAGNE / AFP
S’ils avaient dû plaider aux États-Unis, les procureurs antiterroristes au procès des attentats de Bruxelles auraient certainement demandé la peine capitale pour la plupart des accusés. Par la chaise électrique ou tout autre moyen létal. Mais notre société est devenue civilisée depuis quelques décennies et ils se sont limités à demander au jury de les condamner à la peine de mort lente, c’est-à-dire à la prison à perpétuité.
Mais cela ne suffit pas.
Pour que ces personnes n’existent plus, pour que leur présence parmi nous soit effacée à tout jamais, les procureurs demandent aussi de les bannir et de leur ôter toute existence civile en leur retirant la nationalité belge. Il s’agit des Belgo-marocains Oussama Atar, Mohamed Abrini, Ali E Haddad Asufi, Bilal El Makhoukhi et et du Belgo-rwandais Hervé Bayingana. Ces personnes sont pour la plupart nées ici, elles ont grandi ici, leur famille vit ici. En d’autres termes, ce sont des enfants de notre pays. La seule nationalité qui compte est la nationalité belge vu qu’ils n’ont jamais vécu dans le pays de la seconde. Cette seconde nationalité, ils l’ont seulement héritée de leurs parents, travailleurs immigrés marocains ou réfugiés après le génocide rwandais.
Mais, disaient les procureurs au procès concernant les
Belgo-marocains, ils parlent arabe, ils sont musulmans, ils ont encore de la
famille à Nador ou à Tanger et ils n’ont plus rien à voir avec nos valeurs et
nos institutions démocratiques. Il faut les mettre dehors.
Je me demande si le Maroc ou le Rwanda pourront accepter ce
message méprisant : en Belgique démocratique, ils n’ont pas leur place,
mais, même si vous n’avez aucune responsabilité dans cette affaire, c’est
plutôt à vous qu’ils appartiennent.
Enfin, cette mesure d’expulsion est discriminatoire, parce
qu’elle ne peut pas s’appliquer aux personnes de nationalité belgo-belge ayant
commis les mêmes faits. Ni les Dutroux, ni les Reuzegommers, ni les Sven Pichal
ne pourront jamais subir cette double peine. Et s’ils étaient bannis, je m’y
opposerais aussi.
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