Si Bouchez (MR) veut bannir la liste Viva Palestina du parlement, n’est-ce pas une raison pour donner votre vote à cette liste ?

 Le MR est le reflet belge de la politique israélienne d’expulsion, de bannissement et de nettoyage ethnique. Il ne serait pas étonnant qu’après le vote du 9 juin, le MR change de nom. À l’instar des Engagés, il pourrait s’appeler les Bannisseurs. 

Les exemples fusent pour préparer le terrain.

« Si ça ne vous plaît pas, vous n’êtes pas obligé de rester en Belgique ». En d’autres termes : « Dégagez et retournez d’où vous venez, c’est-à-dire du Maroc ». 

Ce propos raciste de Pierre-Yves Jeholet, le ministre-président de la Communauté française de Belgique, adressé au député PTB Nabil Boukili, lors d’un débat sur RTL dimanche passé, n’était pas ‘a slip of the tongue’, un lapsus malheureux. Jeholet va juste un peu plus loin que son président Georges-Louis Bouchez, qui, en 2023, dans Trends Tendances, avait déjà plaidé pour l’exclusion du PTB par l’installation d’un cordon sanitaire autour de ce parti. Un parti qui n’a pourtant rien de révolutionnaire, mais est un parti parlementaire de gauche. 

La  politique d’exclusion du MR ne s’arrête pas là.   


Georges-Louis Bouchez a déclaré par la suite que Dyab Abou Jahjah de la liste Viva Palestina « n’a pas sa place dans un parlement de notre pays ». 

Le député MR Denis Ducarme  a lancé la proposition d’interdire Samidoun, l’organisation de solidarité avec les prisonniers palestiniens : « Il est inacceptable de laisser manifester en Belgique un groupe proche des terroristes du Hamas, a-t-il déclaré, la Belgique doit interdire des organisations comme Samidoun, comme l’a fait l’Allemagne ». 


Toutes ces petites phrases et propositions font partie de la pensée politique raciste et pro-sioniste du MR et, par extension, de son allié le VLD flamand de De Croo. Elles illustrent que le mythe tenace selon lequel le racisme et le fascisme ne se situent qu’au nord du pays, chez les Flamands du Vlaams Blok et de la NVA, n’est qu’un leurre. Le Vlaams Blok n’a pas besoin de se présenter aux élections en Wallonie ou à Bruxelles, il est déjà présent sous la forme du Mouvement réformateur, le MR.  Les propos du MR illustrent aussi comment, dans nos sociétés actuelles, les mots « libéral » et « démocrate » peuvent cacher le fascisme moderne.

Un autre exemple de la politique de bannissement, moins connu mais non moins parlant ? Si vous votez MR et avez la double nationalité, vous risquez de perdre votre nationalité belge au cas où vous arriveriez en prison pour une raison ou autre. 

Expulsion des prisonniers étrangers et déchéance de la nationalité belge des prisonniers binationaux. 

On a l’impression que ce n’est que quand la classe moyenne, les politiciens et les artistes, se sentent attaqués, qu’il y a réaction et indignation. Tant qu’il s’agit de celles et ceux au plus bas de l’échelle sociétale, tout passe comme une lettre à la poste.


 Ainsi, la surreprésentation dans nos prisons de personnes immigrées ou issues de l’immigration, ne suscite pas d’indignation de la part des partis politiques belges (1). Tout comme l’expulsion des « détenus étrangers », la politique de la double peine, est partagée ou tolérée par leur silence, par tous les partis. 

En 2023, près de 1 500 personnes (1 428) « sans document de séjour » ont été expulsés après avoir purgé leur peine de prison. Parmi eux, 875 détenus directement expulsés de la prison, sans passer par un centre fermé. Que vous soyez nés en Belgique, que vous y soyez arrivés à l’âge de cinq ans, que vous ayez passé votre vie ici, n’a aucune importance. Vous serez mis à la porte et expulsés vers l’autre pays dont vous êtes citoyen, mais avec lequel vous n’avez le plus souvent plus aucun lien. 

Reste un problème : que faire « des étrangers » qui sont belges, mais qui ont la double nationalité ? 

Ici aussi, le MR frappe fort. Pour Georges-Louis Bouchez, il faut tout simplement déchoir de la nationalité belge « les délinquants et criminels binationaux »(2). Ainsi, ils ne seront plus belges et on pourra les expulser comme les autres. Tollé, indignation ? Rien du tout. 

C’est la Palestine qui est au centre

Aujourd’hui, c’est autour de la question de la Palestine que se joue la lutte entre fascisme et démocratie. 

Tant le MR que Défi et Les Engagés se trouvent du côté d'Israël. Des partis comme le PS, Ecolo et le PTB se trouvent du côté de la Palestine. Mais aucun de ces derniers ne veut en faire un point pour décider de leur participation au gouvernement ou non. Et tous se couchent à plat ventre devant le MR quand il s’agit de défendre les organisations de la résistance palestinienne. 

Ainsi, quand Pierre-Yves Jeholet lançait à Nabil Boukili dans le débat précité : « Vous soutenez le Hamas ! », ce dernier a immédiatement répondu, comme par réflexe : NON ! 

Et quand il énumère les trois points de rupture pour participer à un gouvernement ou non, il s’agit pour lui, comme pour Raoul Hedebouw, de la pension à 65 ans, de taxer les riches, de la suppression de la loi sur le blocage des salaires. Pas de trace de la Palestine !

Au moment où le génocide en Palestine ne connaît pas de fin, au moment où l’on compte non pas 35 000 morts à Gaza, mais, selon l’Américain Ralph Nader : « 200 000 morts, une fois que tous les morts seront comptés » (3), il nous faut une voix pour la Palestine à Bruxelles pour les cinq ans à venir. 

Trente-cinq mille morts ou deux cent mille : si vous voulez qu’on se souvienne de Gaza, donnez votre voix à Viva Palestina, liste 30, pour le parlement bruxellois. 

Notes

[1] Le pourquoi de cette surreprésentation est bien expliqué dans cet article : https://www.rtbf.be/article/du-controle-jusqu-a-la-sortie-de-prison-pourquoi-40-des-detenus-belges-sont-des-etrangers-11351911  

[2] https://www.7sur7.be/belgique/bouchez-veut-expulser-les-prisonniers-etrangers-si-vous-n-etes-pas-belge-vous-rentrez-dans-votre-pays~a735f105/ 

[3] https://www.counterpunch.org/2024/05/31/you-cant-turn-back-the-clock-on-genocide-200000-deaths-in-gaza/



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