Pas de lettres, pas de cartes, pas de colis... une violation systémique des droits des prisonniers au Maroc

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 Récemment, je me suis adressé à Monsieur Tamek, le directeur des prisons au Maroc, pour lui demander si c'est normal que depuis onze mois, Ali Aarrass ne reçoit ni de lettres, ni de cartes de ses proches ou de ses amis. 
Q'il ne s'agit pas d'une exception, mais d'une politique voulue et réfléchie de la part des autorités pour isoler les détenus, contraire aux Règles Nelson Mandela, se confirme à travers différents témoignages que j'ai pu récolter.


Marie-Jo Fressard (à droite)
Voici le témoignage de Marie-Jo Fressard, marraine depuis des années de plusieurs détenus au Maroc. 

"Je parraine le prisonnier sahraoui Salek Laasairi depuis quelques années. Il a été condamné à perpétuité il y a plus de 15 ans par le tribunal militaire marocain pour un crime qu'il nie toujours avoir commis. A travers les informations reçues par ses amis, j'ai pu me rendre compte à quel point cet emprisonnement est pour lui un enfer qui se dégrade semaine après semaine.

Maltraitance physique, cachot, destruction et vol de ses quelques biens, maltraitance de sa famille. Et maltraitance psychologique : diminution voire suppression des quelques instants de téléphone avec sa famille et avec ses amis, seuls instants de bonheur qui lui permettent de ne pas sombrer dans la déprime, voire plus. Malgré tout, lors des rares moments pendant lesquels j'ai pu l'entendre au téléphone le lundi après-midi, il faisait preuve d'un courage incroyable, éclatant de rire, demandant des nouvelles de ma famille et de ma santé. Ne se plaignant jamais, mais plaignant tous ceux qui souffrent. "Moi, tout va bien" disait-il toujours.

Donc progressivement, même ces petits bonheurs lui sont interdits. 

Ses lettres ne me parviennent plus. Il ne reçoit plus les miennes, ni mes cartes. Mon dernier colis m'a été retourné ; je l'ai renvoyé, il m'est revenu une deuxième fois. 
Il n'a que de temps en temps de rares secondes pour adresser quelques mots à sa famille.Puis, l'année dernière il a été enlevé de la prison d'Aït Meloul et a été recherché pendant des semaines par ses proches, et retrouvé à la prison de Safi. Fermé, déprimé. Quelques nouvelles reçues indirectement le disent désespéré de ne plus recevoir la visite de sa famille. Il arrivait à les voir au moins une fois par an, au moins il l'espérait ".

Pour lire le rapport de septembre 2019 sur la situation des 19 prisonniers politiques sahraouis, publié sur Familles de Prisonniers pour la Justice, cliquez ICI

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